De quoi jouissons-nous?
Mi anges, mi démones, les amazones postmodernes de Martin Eder suggèrent une ambiguïté séductrice patente. Le flou entre le réel et son reflet est souligné en ce qui devient un dysfonctionnement de la psyché. L’œuvre pose en conséquence la question centrale de la peinture et de sa théâtralité. À savoir de quoi jouissons-nous? Les toiles permettent …
Foirades contre toute attente.
Tala Madani crée des visualisations qui entretiennent un rapport avec le crime – non contre la personne mais contre l’image. Crime intellectuel, mental totalement libre puisqu’il s’agit de tuer ce qui ne se dit, ne se fait ni ne se montre: éjaculations mentales, déchets du corps. L’artiste prouve que la seule recherche féconde est une alchimie …
Le portrait entravé.
Artiste pluridisciplinaire (vidéo, danse, théâtre, peinture, photographie, installation, marionnettes), Markus Schinwald chine de petits tableaux bourgeois anonymes, il les photographie pour ensuite modifier leur apparence avant de les confier à des restaurateurs de peinture qui finalisent d’étranges chimères. Le portrait « s’enrichit » alors d’appendices. Rubans et masques, voiles et prothèses inutiles entravent les visages. De telles …
Transgression du portrait.
Xevi Solà poursuit une quête paradoxale de l’identité avec fantaisie, charme et une drôlerie qui frôle parfois la caricature. La figuration – en clin d’œil autant à Francis Bacon, Amedeo Modigliani qu’à Vincent Van Gogh, Yue Minjun et Ai Weiwei, impose un humour poétique. Mona Lisa de Léonard de Vinci y devient presque androgyne en des …
Les épuisées.
Il existe dans la peinture d’Axel Pahlavi une rhétorique du silence des corps. En dépit de leurs jeunesses, ils sont en déréliction et sont saisis par l’artiste de manière frontale et dans une lumière aussi nue qu’eux-mêmes. Chaque femme devient l’insomniaque rêveuse soumise à l’immobilité des statues en un pur spectacle où l’image s’enfonce dans …
De la topographie à la durée.
Dorian Cohen visite le paysage contemporain à travers une sorte de voyage dans l’urbain au sens large. Plus qu’une poétique de la ville, l’artiste propose le chaos que la cité postmoderne organise, tord ou étend à travers routes, édifices, ponts, arbres: le tout s’emmêle voire s’emboîte plus ou moins harmonieusement. Jaillit on ne sait trop …
And he lives without / And he lives within (1)
Il faudrait, pour parler correctement des toiles d’Orsten Groom, un verbe médiéval. Il contiendrait du pariétal et du kitsch, serait sauvage et savant. Né en 1982, diplômé des Beaux-Arts de Paris et du Fresnoy, l’homme peint. Il a filmé aussi, dessiné et écrit. Il a très certainement lu, regardé et absorbé, en boulimique, tout ce …
Une histoire à digérer.
De l’enfant qui se rêvait archéologue, nous en avons la trace lorsqu’au détour du papier, de la toile ou encore du mur Coraline de Chiara assemble des vestiges de l’histoire et de ses évolutions. Périodes, civilisations et autres phénomènes disparus sont ainsi exposés là, montés en couche ou plan sur plan, non pour ranimer une …
Apparitions.
Felipe Alonso, avec ses céramiques, ses dessins et peintures reste sur les traces de l’être. Il traque son mystère par morceau jusqu’à le faire ressembler à un monstre à travers des sensations et émotions. Contre la nuit de l’être, Felipe Alonso ne propose pas forcément la lumière. Le corps s’hybride, son étendue progresse. Des lèvres sont …
Figurer le vide.
Une entrevue Boum! Bang! Gideon Rubin est un artiste peintre israélien de 43 ans, tenté par le miracle de donner corps à l’absence. La matière sur laquelle Gideon Rubin s’exprime a les aspérités de l’existence: une irrégularité presque imperceptible mais inévitable. Aussi épaisses que les couches successives de l’existence, ses toiles convoquent les deux faces de l’invisible: …
De vous à moi, vous m'avez eu.
Il y a moi et puis il y a toi. Entre nous: l’incommensurable. Né en 1972, Frédéric Léglise peint. De la peinture dite figurative. Des femmes sur fond monochrome et des autoportraits saturés, variations sur le thème de la béance. Regards, sexes, chairs ou tissus entrouverts. À chaque nouveau tableau, cette sensation: ce qui est …
Tendres ténèbres et dérivations.
Barbara Navi cultive les couleurs nocturnes afin d’accorder au réel une force poétique étrange. Elle introduit sur ou dans le paysage des éléments perturbateurs. Les placages – qui jouent de la redondance ou de l’opposition – cassent l’organisation plastique de base pour initier un espace autant en équilibre qu’en déséquilibre, en réalisme qu’en fantaisie. Cette …