Xevi Solà poursuit une quête paradoxale de l’identité avec fantaisie, charme et une drôlerie qui frôle parfois la caricature. La figuration – en clin d’œil autant à Francis Bacon, Amedeo Modigliani qu’à Vincent Van Gogh, Yue Minjun et Ai Weiwei, impose un humour poétique. Mona Lisa de Léonard de Vinci y devient presque androgyne en des jeux d’horizontales et de verticales et la crudité des couleurs. Le portrait crée un monde hybride et animé. C’est un plaisir visuel. La fantaisie avance. Le barcelonais y va à cœur joie, sans complexes.
Reprenant modèles et icônes il en prolonge l’indétermination, la folie, la marginalité, l’étrange en posant la question de la sexualité et du genre selon une reprise de l’imagerie érotique. Aucune concession et sans provocations superfétatoires. L’énergie de la différence passe dans la dislocation des catégories et des genres. Existe ce dont Marlene Dumas fut la pionnière: la sortie de la scène non d’une illusion mais de l’Illusion au profit de l’ « obscénité » (à savoir ce qui est hors scène) trans-esthétique et trans-éthique.
Dans ce champ le prétendu érotisme opère. Il devient le parfait opposé de ce que l’on entend par ce mot. L’art brouille donc la comédie de l’art, et celle de l’idéologie des sociétés et de leurs médias. Face au strip-tease classique qui livre phantasmes et fantasmes à sexe ouvert, surgit un autre champ dont la transparence reste opaque. Apparaît un angle de « prise » sous lequel face à la débauche inutile de signes distinctifs – qui ne font que jouer du pareil et de même et à force ne suscitent que l’indifférence – le sexe comme le portrait reprend tout son sens dans en des déviances ironiques.