L’art de Marlène Dumas est unique. Sa démarche, anachronique pour certains, utilise depuis plus de trente-cinq ans la peinture figurative comme outil d’expression. Et s’il est vrai qu’elle s’écarte des tendances majeures de l’art contemporain de ces dernières décennies, sa démarche n’en demeure pas moins surprenante. Née en Afrique du Sud en 1953, hollandaise d’adoption, elle jouit d’une liberté d’expression incroyable. Aussi, l’artiste affronte les tabous de la société: l’apartheid, les inégalités sociales, la mort, l’érotisme ou encore la perversité. C’est en puisant dans son expérience personnelle qu’elle tente d’aborder les horreurs qui prennent place dans nos sociétés. Ces sujets sont pour la plupart du temps lu à travers le prisme du corps (identité). Elle accorde une place prépondérante à la figure au détriment du second plan.
Marlène Dumas, The Painter, 1994 ©
Marlène Dumas, TheBeliever, 2006 ©
Marlène Dumas, TheWhiteDisease, 1985 ©
Marlène Dumas, The Teacher, 1987 ©
Ce corps, véritable anti-héros, Marlène Dumas le traite avec compassion. Son œuvre est marquée par une vision optimiste, recherchée au travers de thèmes tels que la souffrance, la mort ou le sexe. Les personnages qui peuplent son travail apparaissent non pas comme des victimes de leur propre vie, mais comme des sujets actifs.
Les peintures, dessins ou encore aquarelles de nus allongés, de grandes figures verticales ou vues de dos, de visages en gros plan, de recherches sur le portrait constitue une oeuvre que certains ont tenté de définir comme «expressionnisme conceptuel». Le geste de l’un associé à la distance critique de l’autre. L’importance des titres, parfois puisés dans l’histoire de l’art ou dans la littérature, révèle l’amour que porte l’artiste au langage et à l’écriture. Ceux-ci empêchent une interprétation logique et univoque ouvrant à la lecture multiple pour le plus grand bonheur du regardeur.