Nazanin Pouyandeh ose les corps et ses aimantations sans se soucier des genres qui se conjuguent sur un plan réaliste ou allégorique. Dans cette peinture les corps ne connaissent pas la peur de l’envahissement. Ils s’offrent tels des gouffres mécaniques et lascifs dont le creux déborde de partout et de nulle part et jusqu’en leurs fibres obscures.
L’artiste exhibe ce qu’il en est du plaisir car, même lorsqu’elle se veut érotique, la peinture le recouvre trop souvent. D’où ce mélange de réalisme et de métaphore, allusion, parabole jusqu’à l’extrême de la jouissance qui ne se cache pas, qui ne se cache plus. L’œuvre dénude donc non seulement le corps mais ce qu’il éprouve de secousses et de vibrations. Nazanin Pouyandeh peint l’instant ou plutôt ce « supremus » qui redonne au temps cette intensité que l’éternité veut nier. Demeure sur le clavier de la toile les mains de la créatrice: elles se prolongent par celles de ses prêtresses de l’amour. Elles se s’arrêtent pas, vont jusqu’au bout du plaisir.
Chaque peinture parle donc l’amour et son incarnation. Tout est de l’ordre de la hantise du plaisir, de son approche et de son accomplissement. Une fulguration suit son cours. Reste le soleil de l’extase évoquée dans des couleurs puissantes et les torsions des lignes et des formes. La volupté ne supporte pas d’ombre: elle se partage, se donne. Et l’artiste ouvre la sensation d’éprouver l’extase jusqu’à la dernière gorgée de femme, la dernière gorgée de mâle.
Tout reste de l’ordre de la fièvre au sein de rencontres aux diverses variations. Des lignes de force s’aimantent là le désir s’affirme en des jeux de miroir. Nazanin Pouyandeh devient l’enchanteresse des voluptés. Elle peint le feu dans les poitrines, le plissement d’yeux, ignore la pudeur. Elle donne au corps sa puissance et sa force de dépense érotique comme peu d’artistes savent l’éprouver et le communiquer. Sur la clarté profonde de la nudité une main ne cesse de glisser.