Les effluves d’un temps lointain s’entremêlent à la nostalgie des souvenirs, le tout s’évaporant doucement des œuvres de l’artiste espagnol Miquel Wert. Réel questionnement avec la mémoire, on découvre un travail aux traits doux, aux personnages évanescents mais présents. La mémoire, toujours la mémoire. Que reste-t-il de nos souvenirs lointains? Quelle image renverra-t-on après notre disparition? Déformation, oubli, perfectionnement: les lignes du souvenir s’étirent, se percent et s’adaptent à nos réminiscences fantasques. Miquel Wert nous conte ces histoires imaginées.

Note: Miquel Wert a répondu aux questions en français et nous avons souhaité retranscrire ses propos le plus fidèlement possible en gardant les imperfections idiomatiques. 

Boum! Bang!: Pouvez-vous vous présenter rapidement et nous parler de votre parcours artistique?

Miquel Wert: Je suis Miquel Wert, peintre né à Barcelone (1982), de père espagnol et de mère suédoise.

J’ai toujours dessiné, mon père était un bon dessinateur, il a orienté sa vie professionnelle vers le côté technique du dessin industriel. C’est grâce à lui que j’ai eu mes premiers moments de fascination devant l’acte de créer. Je me souviens que je copiais les dessins qu’il m’offrait, et je faisais même des photocopies pour les offrir à mes amis de classe. D’un autre côté ma mère m’emmenait toujours dans les musées et je me rappelle vivement les visites au Musée Picasso de Barcelone, la Fundació Antoni Tàpies (quand elle était ouverte en 1990) et surtout d’un voyage en train jusqu’à Figueres pour visiter le Théâtre-Musée Dalí. À cet âge-là, pour moi ce fut comme aller à Disneyland… et j’ai compris que l’art c’était plutôt une façon de vivre.

Plus tard je me suis beaucoup intéressé à la BD et l’illustration, mais comme je n’étais pas très doué pour écrire des scénarios, et que je voulais exprimer mes propres idées, j’ai décidé d’explorer d’autres disciplines pour raconter mes obsessions.

Je me souviens aussi d’un moment important, en 1993, lorsque je vis un documentaire sur la deuxième chaîne de télévision espagnole. C’était sur l’univers du graffiti. Ce fut l’élément déclencheur de mon intérêt pour tout ce qui était l’art de rue. J’étais fasciné par la clandestinité et le mystère des gens qui de façon anonyme laissaient leurs empreintes sur les murs de la ville. À 11 ans je faisais quelques « tags » timides et minuscules dans des endroits vraiment cachés, et cinq ans plus tard je commençais à réaliser mes premières oeuvres plus élaborées sous l’influence américaine du mouvement. C’était juste un passe-temps avec un camarade d’école.

Ce que je considère comme le début de mon actuel chemin artistique est mon entrée à l’École Supérieure d’Art et de Design Llotja (1998-2000) et ensuite aux Beaux Arts (Université de Barcelone, entre 2000-2005). C’est en 2002 que j’ai commencé à travailler en atelier et abandonné peu à peu le monde du graffiti.

J’ai ensuite commencé à travailler avec des images d’archives. Au début, à partir de publicités apparues sur les magazines espagnols des années 50. Je me suis intéressé à ces faux sourires et à l’image idyllique qu’on essaye de montrer devant les caméras. Je suis très influencé par David Lynch, et je réalise des recherches approfondies sur le concept du « sinistre » à partir du texte de Sigmund Freud « Das Unheimlich » et le dernier livre de Roland Barthes « La chambre claire », qui vont marquer ma démarche.

Après un an passé à travailler à partir de sources publicitaires trouvées, je me suis rendu compte que ma réelle obsession n’était pas juste le sourire mais la théâtralité qu’on reproduisait, même en famille, quand l’objectif d’une caméra était présent. Et surtout l’idée de vouloir montrer/garder un beau visage pour la postérité.

C’est aussi pour cette raison que je travaille avec des images qui datent de plusieurs décennies car auparavant, l’importance de chaque prise faisait que la photo était plus solennelle. Cela avait comme conséquence que les « acteurs/sujets photographiés » étaient plus conscients de l’appareil et leur mise en scène était encore plus évidente.

Avec l’apparition de la photo numérique, tout cela est rentré dans une autre dimension… que je n’ai pas voulu introduire à nouveau dans mon discours artistique, car le rituel se banalise. Aux alentours de 2003 j’ai échangé la photo publicitaire par la photo d’amateur, réalisée sans aspirations artistiques, ce qui me touche plus. Je la trouve plus stimulante et surprenante. Tout cela a un lien très fort avec la passion que j’ai toujours eue pour les albums photos et les films Super-8, notamment à cause de l’héritage de beaucoup de documents qui provenaient de ma famille suédoise.

Depuis l’enfance, je suis fasciné par ces images de gens qui étaient des proches mais que je connaissais à peine, j’ai dû reconstruire toute une branche de mon arbre généalogique, imaginer des histoires et créer mon propre film.

Miquel Wert, In her world
Miquel Wert, In her world, Fusain et acrylique sur toile, 35×35 cm, 2016 ©
Miquel Wert, Confidences
Miquel Wert, Confidences, Fusain et acrylique sur toile, 33×41 cm, 2016 ©
Miquel Wert, La chance du débutant
Miquel Wert, La chance du débutant, Fusain et acrylique sur toile, 55×46 cm, 2015 ©
Miquel Wert, L'aigua clara
Miquel Wert, L’aigua clara, Fusain et acrylique sur toile, 60x73cm, 2015 ©
Miquel Wert, 16 figures, Hommage à Manet
Miquel Wert, 16 figures, Hommage à Manet, Fusain et acrylique sur toile, 100×120 cm, 2015 ©
Miquel Wert, Sommarlek
Miquel Wert, Sommarlek, Fusain et acrylique sur toile, 60×60 cm, 2014 ©
Miquel Wert, Sans Titre
Miquel Wert, Sans Titre, Fusain et acrylique sur toile, 100x81cm, 2014 ©
Miquel Wert, Les sourires cachés
Miquel Wert, Les sourires cachés, Fusain et acrylique sur toile, 100x81cm, 2014 ©
Miquel Wert, Le pilier
Miquel Wert, Le pilier, Fusain et acrylique sur toile, 100x81cm, 2014 ©

B!B!: Quelles sont vos influences, vos sources d’inspiration?

M.W.: Depuis plus de 15 ans mon travail aborde la théâtralité de la vie quotidienne et interroge la représentation du subconscient collectif tout en essayant de s’éloigner de l’aspect purement nostalgique. Dans la mise en scène de ces images, communes et intemporelles, je reconstruis un passé récent qui est en train de se dissiper progressivement de notre mémoire. J’essaye de lier entre elles des problématiques généalogiques personnelles avec une expérience collective partagée.

Mes influences sont très vastes, pendant mes années de formation j’ai beaucoup fréquenté les musées, habitude que je n’ai jamais perdue, mais surtout je me suis construit à base de lectures à la Bibliothèque et à la Filmoteca de Catalunya où j’ai dévoré plein de classiques du cinéma. Pendant longtemps j’ai considéré la photo et le cinéma comme mes principales sources d’inspiration. Je conserve une marque très forte laissée par les oeuvres de Andreï Tarkovski, Carl Theodor Dreyer, Ingmar Bergman, Victor Erice, Luis Buñuel, Robert Bresson, Roy Andersson, Chris Marker, David Lynch, Matthias Müller, Bill Morrison, José Luis Guerin, les films de « found footage », et toute l’animation expérimentale que j’ai pu voir…

Dans la photo les auteurs qui incluent la narrativité dans leur démarche m’intéressent, comme par exemple Duane Michals, Henri Cartier-Bresson, Sergio Larraín et toute la photographie amateur et vernaculaire. En 2007 j’ai découvert le travail de Miroslav Tichý pendant un voyage en République Tchèque, ça m’a beaucoup frappé, car dans une autre discipline il parlait et montrait le monde comme j’ai parfois voulu le faire. Ce genre de lien ou influence « à posteriori » n’arrive pas très souvent.

Pour citer quelques peintres qui ont eu une importance dans mon parcours, même si parfois leur trace n’est pas visible dans mon travail : Andrew Wyeth, Vilhelm Hammershøi, Ronald Brooks Kitaj, Edgar Degas, Pierre Bonnard, Richard Diebenkorn, Francis Bacon, Euan Uglow, Antonio López, Xavier Valls, David Hockney, Gerhard Richter, Giorgio Morandi, Balthus, Michaël Borremans, Edward Hopper, Pat Andrea.

Et bien sûr il y a certains sculpteurs qui me touchent aussi beaucoup comme George Segal, Medardo Rosso, Alberto Giacometti, Germaine Richier, Nathan Oliveira.

B!B!: Vos travaux gravitent tous autour de la figure humaine, que ce soit en portrait ou en mouvement. Pourquoi placer l’homme au centre de tout? 

M.W.: Les figures me permettent de construire des scènes qui interrogent et dialoguent avec le spectateur. J’aime utiliser ces cadrages comme une scénographie peuplée d’acteurs anonymes qui jouent face au rideau d’un théâtre imaginé. J’essaie de mettre en place des scènes où il existe toujours une certaine ambiguïté … des images qui évoquent un moment apparemment calme, mais aussi des images qui pourraient être précédées par un moment tragique ou —au contraire— agréable. Pour moi la figure humaine est le centre de tout… et cache tout en même temps.

Miquel Wert, L'offre
Miquel Wert, L’offre, Fusain et acrylique sur toile, 100x81cm, 2014 ©
Miquel Wert, Feeding the future
Miquel Wert, Feeding the future, Fusain et acrylique sur toile, 114×162 cm, 2013 ©
Miquel Wert, L'inconnu
Miquel Wert, L’inconnu, Fusain et acrylique sur toile, 100x81cm, 2013 ©
Miquel Wert, El Cant del Rossinyol
Miquel Wert, El Cant del Rossinyol, Fusain et acrylique sur toile, 100×81 cm, 2014 ©
Miquel Wert, Group
Miquel Wert, Group, Fusain et acrylique sur toile, 2014 ©
Miquel Wert, Jour de fête
Miquel Wert, Jour de fête, Fusain et acrylique sur toile, 73×92 cm, 2014 ©
Miquel Wert, La soirée
Miquel Wert, La soirée, Acrylique et fusain sur toile, 60×73 cm, 2016 ©
Miquel Wert, La sobremesa
Miquel Wert, La sobremesa, Huile sur toile, 60×73 cm, 2016 ©

B!B!: Ils paraissent ne pas avoir de traits identifiables, seuls les corps et leurs mouvements sont reconnaissables. Pourquoi? 

M.W.: Oui. Mon idée n’est pas celle de faire des portraits de personnes concrètes mais de travailler l’essence d’un moment, une atmosphère, une action qui pourrait être incarnée par des sujets interchangeables. Pour moi c’est une façon d’arriver à l’essentiel… Un peu comme dans la « commedia dell’arte » et ses personnages archétypaux. C’est cela qui touche les spectateurs car ils peuvent ressentir ces images et ces situations.

B!B!: Certains paraissent même voilés derrière ce rideau de traits vifs et incisifs. Passé, présent, futur on ne sait plus tellement où ils se situent. Rêve ou souvenir, lequel l’emporte sur l’autre?

M.W.: C’est vrai, je ne me considère pas un créateur de scènes de rêve, mais ça ne me dérange pas que quelqu’un en fasse cette lecture… Ce qui est certain est que je réalise des images qui se situent dans la mémoire. On sait que la mémoire est vraiment malléable et que le temps peut la faire changer. J’aime bien essayer de transmettre une impression de définition dans l’indéfinition, c’est compliqué à dire avec des mots (et encore plus en français!). C’est un peu comme quand on essaye de se souvenir d’un moment passé mais qu’il nous manque les détails.

Il y a un petit texte en anglais d’Alex Mitrani qui capture bien ce concept sur mon travail:

(ENG) Alex Mitrani (Art historian and Curator): 02/2014

« Facing the gloomy nostalgia of photography, painting traditionally offered a more physical view of people and their lives. But since Warhol and thereafter with Gerhard Richter, the presence of painting has been blended with the spectrality of photography, gathered in the high value of iconography in contemporary culture. The work of Miquel Wert sets out this issue. Something fades away and something remains at the same time in these images made by intermingled strokes of charcoal. The accuracy of the moment, the arbitrariness of the story makes us feel as being in front of a determinate instant, a time loaded with existence. But the white light at the background pollutes and dazzles us with an ethereal quality, a haunting fragility. The image becomes fascinating and impossible, permanent and incomplete, like the remains not from the past but from the future. »

B!B!: Au contraire, vous travaillez également plus précisément sur des portraits où les visages sont nets mais les traits sont toujours vifs. Parlez-nous de ce choix.

M.W.: Je pense que vous faites référence à une série de portraits, surtout de petites filles. C’était la conséquence de travailler trop de temps sur la même voie. J’avais envie de plonger un peu dans les visages… C’était plutôt un jeu à partir d’anciens photomatons familiaux. J’ai toujours adoré ces séries de quatre prises et la narration et lecture qu’on puisse faire du résultat. Un peu comme un petit film, BD ou photo-roman. Mais pour l’instant c’est juste une petite dérive… on verra si je recommence plus tard. De toute façon, c’est vrai que même dans la netteté j’aime rester assez dynamique, chose qui n’est pas toujours facile.

B!B!: En parlant de ces lignes nerveuses et franches, vous utilisez principalement le charbon et l’acrylique ou l’huile pour dessiner. Pourquoi? Qu’implique la rencontre entre les deux?

M.W.:
Au début ma palette était un peu plus complète, je travaillais à l’huile et à l’acrylique… mais je fais partie des peintres qui n’aiment pas trop « la cuisine de la peinture », même si j’admire ça chez les autres. Je suis quelqu’un qui est pressé de voir des résultats, de raconter des choses, sans me perdre dans le procédé manuel de la couleur… C’est pour cette raison que petit à petit j’ai commencé à réduire mon matériel, et finalement je travaille avec l’essentiel: un bout de bois brûlé (le fusain) et en utilisant le blanc de la toile.

C’est clair que mes thèmes/sujets s’adaptent bien à ces gammes de gris puisque les images d’origine sont souvent en noir et blanc. Il faut aussi dire que j’ai une légère pathologie de la vision (Deutéranomalie) qui me pose quelques difficultés avec le spectre des couleurs dans certaines situations.

De toute façon je me sens comme un écrivain, qui pour raconter son histoire a juste besoin d’encre noire sur du papier blanc… Donc je ne me sens pas handicapé par ces particularités visuelles. Le mélange avec l’acrylique sert à renforcer les textures, et donner une certaine fluidité à des zones trop sèches, à enrichir les traits du fusain.

Récemment j’ai commencé à récupérer l’huile pour éviter une certaine stagnation dans mon processus et pour sentir à nouveau la surprise et un côté chaotique qui peut incorporer de nouvelles situations plastiques dans mes toiles.

B!B!: Devant certaines de vos réalisations on ne peut s’empêcher de penser à des photographies, est-ce votre point de départ? Et comment choisissez-vous ce que vous allez dessiner? 

M.W.: Oui, mon point de départ est presque toujours d’une ou plusieurs photos trouvées… ou bien des captures de films amateurs que j’organise et mélange à mon goût. Je pense que l’utilisation contemporaine des traces documentaires offre une nouvelle dimension et une nouvelle vie à l’image. J’aime la considérer comme un cadeau… et la partager avec le spectateur de cette même manière.

La recherche de ces images fait partie de mon travail. En fait, c’est parfois presque plus amusant et enrichissant que la réalisation du tableau. Pendant une longue période j’ai travaillé avec mes images personnelles (des albums de famille) mais il y a un jour où ça a commencé à devenir bizarre, car ce matériel a commencé à être trop connu pour moi, et moralement c’était compliqué d’exposer et vendre des tableaux où —même si je ne cherche pas à réaliser des portraits— ce sont des personnages avec qui j’ai des liens de sang. Tout le processus est devenu un peu froid. Ce jour-là, j’ai voulu récupérer le regard neutre et le moment magique de la découverte… et j’ai commencé à fouiller dans les marchés aux puces, où j’achète des photos et certaines archives assez privées. Presque jamais sur internet, car j’aime bien avoir cette exclusivité de l’image, un peu comme un collectionneur.

Je regarde des milliers de photos, je n’achète pas beaucoup, et pas toutes celles que j’achète finissent par être l’origine d’une œuvre, il y en a que je garde telles quelles… Pour mon plaisir, parfois je les encadre, parfois elles m’accompagnent chez moi ou dans mon atelier. C’est complexe, je fonctionne par coup de cœur, mais toutes les photos que j’utilise ont souvent ce mystère qui m’appelle et qui me demande de les utiliser.

Miquel Wert, L'interruption
Miquel Wert, L’interruption, Fusain et acrylique sur toile, 60×73 cm, 2016 ©
Miquel Wert, L'heure du thé
Miquel Wert, L’heure du thé, Fusain et acrylique sur bois, 35×35 cm, 2016 ©
Miquel Wert, L'expedició
Miquel Wert, L’expedició, Fusain et huile sur toile, 100×120 cm, 2016 ©
Miquel Wert, The black suitcase
Miquel Wert, The black suitcase, Fusain et acrylique sur bois, 35×35 cm, 2016 ©
Miquel Wert, Un regard
Miquel Wert, Un regard, Fusain et acrylique sur bois, 35×35 cm, 2016 ©
Miquel Wert, Vida en sombras
Miquel Wert, Vida en sombras, Huile sur toile, 60×73 cm, 2016 ©
Miquel Wert, Avant la baignade
Miquel Wert, Avant la baignade, Fusain huile et acryilique sur toile, 50×50 cm, 2017 ©
Miquel Wert, Liens profonds
Miquel Wert, Liens profonds, Fusain huile et acrylique sur toile, 92×73 cm, 2017 ©
Miquel Wert, Père et fils
Miquel Wert, Père et fils, Fusain huile et acrylique sur toile, 61×50 cm, 2017 ©

B!B!: Je vois que vous avez également peint sur des pans de murs entiers. Qu’est-ce que cela change dans votre rapport au dessin mais aussi aux autres? Plongez-vous plus facilement dans la peau et le regard de vos personnages? 
M.W.: Même si, comme j’ai dit précédemment, j’ai commencé à être intéressé par le graffiti en 1993 et je l’ai pratiqué activement entre 1998-2002, ce n’est qu’à partir de 2009 quand j’ai repris timidement -mais de façon plus mûre et personnelle- l’activité dans les rues, car il me manquait ce contact avec le piéton et je trouvais que c’était un cadre vraiment intéressant pour y placer mes images anonymes et intemporelles. Il y a un dialogue avec des espaces vécus et aussi la possibilité de toucher des gens qui normalement n’ont pas l’habitude de rentrer dans les galeries. Ces grands formats me permettent comme vous dites de mieux plonger dans les scènes et parler aux gens de façon beaucoup plus directe.

Les dimensions posent aussi des difficultés, car il est complexe de garder la même fraîcheur spontanée des lignes sur autant de mètres carrés. En fait je suis encore en train de m’adapter aux particularités de ce chemin. Mais ça m’apporte vraiment beaucoup: le changement permanent de cadre/environnement, l’histoire de l’endroit, travailler en contact avec les gens, exposer le processus de travail devant le spectateur… tout ça me fait évoluer, c’est un grand test permanent qui en même temps devient une addiction.

B!B!: Quelle est votre vision du monde?

M.W.: J’ai une vision romantique du monde et de la vie, et pour être franc je ne me sens pas trop dans l’esprit du moment; la facticité des temps modernes. Je suis assez sceptique quant à l’époque actuelle, mais en même temps, je suis bien conscient du monde qui nous entoure et j’essaye de ne pas perdre de vue les aspects positifs, qui existent aussi… C’est peut-être de ce côté romantique que vient mon intérêt pour la mémoire et une certaine idéalisation du passé.

Miquel Wert, Cadavre exquis
Miquel Wert, Cadavre exquis, Coauteur Albert Guasch, 2016 © Barcelone (Espagne)
Miquel Wert, La chambre claire
Miquel Wert, La chambre claire, Coauteur Mohamed Lghacham, 2016 © Barcelone (Espagne)
Miquel Wert, La coiffure du dimanche
Miquel Wert, La coiffure du dimanche, 2016 © Barcelone (Espagne)
Miquel Wert, Les enfants de Cécile
Miquel Wert, Les enfants de Cécile, 2016 © Paris (France)
Miquel Wert, The gray shore, 2017 © Barcelone (Espagne)
Miquel Wert, Nostos
Miquel Wert, Nostos, 2017 © Penelles (Espagne)
Miquel Wert, Les innocents
Miquel Wert, Les innocents, 2017 © Barcelone (Espagne)
Miquel Wert, Les copains d'abord
Miquel Wert, Les copains d’abord, 2017 © Lussan (France)
Miquel Wert, Celebración
Miquel Wert, Celebración, 2017 © Barcelone (Espagne)

Miquel Wert – Généalogies du hasard
Miquel Wert expose actuellement et jusqu’au 28 octobre 2017
à la Galerie Green Flowers Art
2, place Denfert-Rochereau,
92100 Boulogne-Billancourt
M° Boulogne Jean-Jaurès
Tél +33 6 85 82 94 01,
[email protected]