25 années, c’est le temps que le photographe Jean-François Rauzier dit avoir attendu la naissance du numérique. Un événement déterminant dans sa carrière puisque cette technologie lui a permis de donner vie aux photomontages titanesques qui constituent aujourd’hui sa signature. Palais, buildings, églises, usines, tous ces bâtiments enracinés dans son imagination rivalisent de démesure et fourmillent de détails puisés dans la réalité. Ils créent à la fois une forme originale d’expérience visuelle pour le spectateur ainsi qu’un ensemble cohérent teinté de science-fiction et de critique sociale.

Ces monstres de béton, de briques ou de verre défiant les perspectives et l’apesanteur, Jean-François Rauzier les regroupe depuis 2002 sous le nom « hyperphoto ». Ce concept, qu’il a inventé, a pour objectif de conjuguer l’infiniment grand et l’infiniment petit dans une même photographie ainsi que le réel et l’imaginaire, pour créer une oeuvre hors du temps. Une sorte d’utopie, d’image impossible, tant par son sujet que par sa définition et dans laquelle vous pourrez véritablement plonger en zoomant encore et encore sans pour autant perdre en qualité et en émotion.

Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Babylone Blanche, 150 x 250 cm, 2009 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Bibliothèque Idéale 2, 147 x 300 cm, 2009 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Montjuic, 180 x 300 cm, 2010 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Time Square, 180 x 300 cm, 2010 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Jackpot © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Exode 2 © Jean-François Rauzier

Pour créer ces mastodontes de 120 millions de pixels, Jean-François Rauzier réalise jusqu’à 5 000 clichés, capturant chaque détail et photographiant chaque sujet sous tous les angles possibles. Puis, grâce à l’outil informatique, il les assemble par juxtapositions et sans préméditation, à la manière d’un puzzle ou d’une mosaïque dont lui seul connaît le modèle. Pavé après pavé, marche après marche, sa vision prend forme. Il duplique certains éléments et dépasse même les contraintes du concret en se donnant le pouvoir de tordre les murs, de cloner les fenêtres. Tel un « hyperarchitecte », il fait surgir du sol des bâtisses ou des paysages incroyablement hypnotiques dont les perspectives vertigineuses nous conduisent dans un rêve.

À cette folie des grandeurs se mêle un goût prononcé pour le fantastique. Ces bâtiments extravagants semblent ainsi tout droit sortis de l’imagination d’un Jules Verne ou prêts à accueillir Leonardo DiCaprio pour le deuxième volet du film « Inception ». Dans son récent « Projet Arches », Jean-François Rauzier va même encore plus loin avec une série d’œuvres articulée autour d’une trame narrative et dont les héros sont de grands vaisseaux modernes ressemblant à un Grand Palais flottant. Leur vocation semble être d’acheminer humains et animaux vers une autre destinée… D’autres œuvres, tout aussi futuristes, ont en elles une touche plus ironique puisqu’au-delà de montrer des constructions imaginaires, elles semblent porter un message plus engagé sur des sujets de société comme l’urbanisation fulgurante, le travail à la chaîne aliénant ou encore la course à la consommation.

Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Tours Staline, 180 x 300 cm, 2011 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Palau de la Musica, 180 x 300 cm, 2011 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Versailles © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Harem 3 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Babel © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Vedute, 180 x 300 cm, 2010 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Indian Babylone © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Connecting People © Jean-François Rauzier

En tous les cas, vos yeux ne suffiront pas pour explorer toute la richesse de ces œuvres où chaque détail a été minutieusement réalisé. Mais, ne vous en faites pas, l’artiste a tout prévu et vit avec son temps. Sur son site et dans ses expositions, tout est fait pour vous faciliter la tâche: les œuvres sont présentées en très grand format et sont exportables en ligne grâce à une simple souris. D’ailleurs, ces visites seront pour vous l’occasion de croiser des personnages, connus ou inconnus, dont cet homme au chapeau rappelant les mystérieuses silhouettes de René Magritte et qui pourrait être la représentation de l’artiste explorant son propre esprit.

Jean-François Rauzier est né en 1952. Il devient photographe professionnel après des études à l’École Louis Lumière et développe en parallèle un travail créatif plus personnel. En France, il est représenté par la Galerie Paris-Beijing. On a récemment pu voir ses œuvres lors de l’exposition « Babel » organisée en 2012 au Palais des Beaux Art de Lille puis début 2013 au Botanique de Bruxelles. Elles étaient présentées aux côtés d’œuvres de Wim DelvoyeAndreas Gursky ou Zhenjun Du.  Jusqu’au 21 juillet 2013, deux créations spéciales de l’artiste seront dévoilées dans le cadre de l’exposition « Rêves de Venise » à l’Institut Bernard Magrez à Bordeaux aux côtés d’œuvres de Sophie CalleMaurizio Cattelan et Anish Kapoor.

Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Molitor 2, 120 x 200 cm, 2010 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Palais Royal, 120 x 200 cm, 2011 © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Dolce Vita © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Symphonie © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Bâtisseurs © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Thousand Kisses © Jean-François Rauzier
Jean-François RauzierJean-François Rauzier, Traversées © Jean-François Rauzier