Un entretien Boum! Bang!

Vanessa Dakinsky est peintre, elle vit et travaille aujourd’hui dans son atelier à Toulouse. Du haut de ses 27 ans, elle s’affirme dans une pratique artistique autodidacte et explore à travers le prisme de la peinture des espaces indéfinis où chimères et réalités s’entremêlent. Ses toiles trouvent des mythologies contemporaines dans les anecdotes du quotidien. Des éléments contradictoires cohabitent et s’y rencontrent.

Foisonnante, surréaliste et parfois bizarre la peinture de Vanessa Dakinsky nous transporte dans un espace onirique et mystérieux centré sur la perception intime. L’extravagance de ses constructions picturales nous a conduit à contacter Vanessa Dakinsky qui a accepté de se prêter au jeu de l’interview pour Boum! Bang!.

Vanessa Dakinsky, Duck Face Syndrom
Vanessa Dakinsky, Duck Face Syndrom ©
Vanessa Dakinsky, Le Cri Small
Vanessa Dakinsky, Le Cri Small ©
Vanessa Dakinsky, Look at me
Vanessa Dakinsky, Look at me ©

B!B!: Comment as-tu pris goût à la peinture ?

VD: J’ai toujours aimé bricoler, inventer des choses inutiles. J’ai commencé par des dessins, et comme tous les enfants qui s’ennuient en cours, j’ai continué. La peinture est venue assez tard, vers 15-16 ans.

B!B!: Le cahier de l’écolier qui s’ennuie est une merveilleuse école d’art spontanée. Il faudrait rendre hommage au marges des pages.

Oui, d’autant que je viens d’un milieu qui n’a rien à voir avec le monde de l’art.  J’ai voulu entrer dans une école, à l’époque c’était la mode de l’académisme minimaliste, de l’art conceptuel. Il n’y en avait que pour cette branche et tout ce qui en sortait était franchement considéré comme « déviant ». Le point positif c’est que ça m’a obligée à me situer de façon plus fine, et aussi plus affirmée.

Ensuite j’ai dessiné en dilettante en retrouvant le plaisir premier de la création. J’ai rempli beaucoup de carnets pendant mon temps libre. Petit à petit les rencontres qui te font évoluer arrivent et avec internet l’accès à tout un tas d’artistes absents des médias officiels a vraiment été plus facile, ça a été stimulant. J’étais hyper enthousiaste et j’ai appris la peinture à l’huile chez moi, en autodidacte.

B!B!: On retrouve dans tes toiles des figures humaines ou hybrides et des objets de notre quotidien qui côtoient le bizarre et le mystérieux. Peux-tu me parler de ce que tu veux faire ressortir dans chacune de tes séries de tableaux ? 

VD: J’ai deux séries en cours « Fantasmagories » et « Unportrait » mais elles sont en train de fondre entre elles.

Explorer les objets, oui,  surtout ceux qui influent directement sur nous, qui sont comme des prothèses: lunettes, écouteurs…
Par exemple pour Ikéa Blues, le tableau s’est construit autour de ce petit coussin que je voyais partout: dans les salles d’attente, chez les amis, chez moi… c’est devenu une sorte de symbole. J’ai lu récemment Life begins at the end of your comfort zone, (La vie commence où s’arrête ta zone de confort). C’est à peu près ça, Ikéa blues! En rose.

Pour Duck Face Syndrom c’est la « bouche canard », la métamorphose du bistouri: à la base il y a une photo postée sur un blog. Passer d’une image numérique, elle-même influencée par des images médiatiques, à un tableau, c’est aussi jouer avec des codes, questionner notre rapport aux images et au corps d’aujourd’hui.

A mes yeux les toiles et les dessins sont comme des supports  propices à de nouvelles associations d’idées, à des divagations. La peinture permet cet échange immédiat avec un spectateur et sa sensibilité, et c’est aussi ce qui me plaît dans ce medium.

Vanessa Dakinsky, Unportrait by night
Vanessa Dakinsky, Unportrait by me ©
Vanessa Dakinsky, Rick Genest Zombie Boy, 2012
Vanessa Dakinsky, Rick Genest night ©
Vanessa Dakinsky, Chapka
Vanessa Dakinsky, Chapka ©
Vanessa Dakinsky, Double Eyes
Vanessa Dakinsky, Double Eyes ©
Vanessa Dakinsky, Red Gloves
Vanessa Dakinsky, Red Gloves ©
Vanessa Dakinsky, Rick Genest Detail
Vanessa Dakinsky, Rick Genest Detail ©
Vanessa Dakinsky, Selfportrait
Vanessa Dakinsky, Selfportrait ©
Vanessa Dakinsky, The blue friend
Vanessa Dakinsky, The blue friend ©
Vanessa Dakinsky
Vanessa Dakinsky ©
Vanessa Dakinsky, Ikea Blues
Vanessa Dakinsky, Ikea Blues ©

B!B!: Quel est ton rapport avec la peinture?

VD: Passionnel… Le fait que tu sois tout le temps en équilibre, c’est ingrat et plaisant. Je rate et je détruis assez souvent. Il a fallu apprendre à mettre beaucoup de travail à la poubelle. J’aime aussi suivre d’autres artistes, de tous bords.
Quelques mots que j’aime en peinture: énergie, mystère, force, délicatesse, écorchures, vivacité…

B!B!: Comment t’y prends-tu pour réaliser tes œuvres (quels outils, quels matériaux et quels supports)?

VD: L’huile principalement. Pour la densité des couleurs. Au fil des sessions j’essaie d’ouvrir des brèches pour les accidents, le hasard. Je travaille par couches, comme des calques, en plusieurs étapes. Masquer, démasquer, tenter de capter quelque chose…

À d’autres moments ce qui me passe sous la main me va aussi: marqueurs, fusains, encres, photoshop, café…

B!B!: Quels sont les artistes que tu aimes, qui t’ont inspirés sur ton parcours, d’où tires-tu ton inspiration?

VD: Sans trier: Soutine, Caravage, Brueghel, Bacon, Frida Kahlo. J’étais aussi fan des mains d’Egon Schiele. Dans les contemporains: Michaël Borremans, Paco Pomet, James Jean, Laurie Lipton, Conor Harrington, Cecily Brown, Banksy, Jenny Saville, Anette Messager… le mouvement DIY: « do it yourself », les cabinets de curiosité: j’aime que les œuvres me « contaminent » , les artistes qui osent, et arrivent à créer un échange, vivant, incisif, provocant et poétique.

En général, je créé à partir d’anecdotes qu’on me raconte, un souvenir, une sensation, un reflet, un regard. Chacun de nous a une mémoire spécifique, pas du tout objective, que je souhaite retranscrire en plus des émotions personnelles, des images inconscientes, de l’humeur du moment.

Je collectionne aussi beaucoup d’images, de plantes, des photos de microscope, des portraits, des schémas scientifiques, j’imagine que c’est un mélange de tout ça.

Les atmosphères noctambules sont plus inspirantes, mais ça peut aussi bien se passer dans le métro à l’heure de pointe. Il n’y a pas vraiment de règles…  Même quand je dors j’ai l’impression que je continue de peindre.

Vanessa Dakinsky, Décalage Horaire
Vanessa Dakinsky, Décalage Horaire ©
Vanessa Dakinsky, Music
Vanessa Dakinsky, Music ©
Vanessa Dakinsky, Brain Party
Vanessa Dakinsky, Brain Party ©
Vanessa Dakinsky, Jeune Fille et Ancêtres
Vanessa Dakinsky, Jeune Fille et Ancêtres ©
Vanessa Dakinsky, Le Masque
Vanessa Dakinsky, Le Masque ©
Vanessa Dakinsky, Untitled Small
Vanessa Dakinsky, Untitled Small ©
Vanessa Dakinsky
Vanessa Dakinsky ©
Vanessa Dakinsky
Vanessa Dakinsky ©
Atelier Vanessa Dakinsky
Atelier Vanessa Dakinsky ©
Atelier Vanessa Dakinsky
Atelier Vanessa Dakinsky ©
Atelier Vanessa Dakinsky
Atelier Vanessa Dakinsky ©
Vernissage Vanessa Dakinsky
Vernissage Vanessa Dakinsky ©
Vernissage Vanessa Dakinsky
Vernissage Vanessa Dakinsky ©
Vernissage Vanessa Dakinsky
Vernissage Vanessa Dakinsky ©
Vernissage Vanessa Dakinsky
Vernissage Vanessa Dakinsky ©

B!B!: Pour finir voici une série de questions inspirées du célèbre questionnaire de Proust:

Quel est le trait principal de ton caractère?

VD: Curieuse

B!B!: Ton occupation préférée?

VD: Créer.

B!B!: Ton rêve de bonheur?

VD: Là, tout de suite, un parapente et une falaise au soleil.

Lié à la peinture, pouvoir jeter les pinceaux comme Philippe Pasqua. Plus simplement être en mesure de continuer en fait, c’est déjà une chance énorme!

B!B!: Ta couleur préférée?

VD: Rouge. Mais pas à côté du jaune.

B!B!: Ton héros de fiction favori?

VD: Alice.

B!B!: Ton idole?

VD: J’ai de l’admiration pour énormément de personnes et particulièrement pour mes amis… Mais pas vraiment d’idole…

B!B!: Aimerais-tu avoir un don, un pouvoir, lequel?

VD: Se déplacer comme un hologramme, j’oublie le mot précis.

B!B!: Ton expression favorite?

VD: Heureux les fêlés car ils laissent entrer la lumière.

B!B!: Si je te dis Boum Bang ça t’évoque quoi?

VD: À manger pour la rétine

B!B!: Quelque chose à rajouter?

VD: Merci pour l’interview!

Vanessa Dakinsky
Vanessa Dakinsky ©