Laurie Lipton est dessinatrice. Elle est née en 1960 à New York. C’est à l’âge de quatre ans, dit-elle, que le dessin lui est apparu comme une révélation. Son apprentissage, elle l’enrichit de ses fréquentations dans des écoles d’art, comme le Carnegie Institute of Technology dont elle sort titulaire d’un diplôme des Beaux-Arts en dessin avec mention. Une université qui accueillit dans ses murs le chef de fil du Pop Art, Andy Warhol (1928-1987). Les années de son éducation sont marquées par le règne de l’Art conceptuel, du Minimalisme ou de l’Arte Povera. Qu’à cela ne tienne, Laurie Lipton se réfugie dans les salles de lecture des grandes bibliothèques savourant les ouvrages de référence sur l’histoire de l’art. Elle y enrichit sa connaissance des courants qui l’inspirent. Ainsi, elle se confronte aux grands maîtres de la peinture flamande (les frères Van Eyck, Rogier Van der Weyden, Robert Campin), ou de la peinture hollandaise (Frans Hals, Johannes Vermeer ou encore Antoon van Dyck).
Arrivée en Europe, elle séjourne dans plusieurs villes en France, en Allemagne ou en Belgique, où elle peut admirer les chefs-d’oeuvre de l’art gothique, qui, comme elle aime le souligner, fut le sujet de l’exposition qui la marqua alors, enfant. C’est à Londres qu’elle décide de s’installer en 1986.
Laurie Lipton, Love Bit, 2002 ©
Aujourd’hui, l’art de Laurie Lipton est aisément identifiable. L’artiste aime jouer du fusain, créant des oeuvres figuratives souvent lugubres. Elle affectionne le travail sur grand format. La vanité, motif allégorique suggérant la fugacité de l’existence humaine, et ses symboles – crâne, squelette ou bijoux – sont omniprésents dans ses dessins. De la même manière, la mort semble occuper une place prépondérante. Cependant, l’artiste n’en oublie pas moins la vie, ses plaisirs et ses joies. L’humour est récurent, parfois noir, souvent caustique; beaucoup de commentaires font état d’une pointe de surréalisme dans son travail. Notons au passage que Laurie Lipton s’insurge contre l’art moderne qu’elle considère comme mort et sans spiritualité. Le monde moderne – ou plutôt sa vision défraîchie – succède aux représentation de la Belle Époque. Certains rapprochent la démarche et les dessins de l’artiste à la tendance Steampunk. D’abord considéré comme un genre littéraire (né à la fin du XXème siècle) dont Jules Verne pourrait être le père, ce mouvement tente de définir la vision d’un monde de science-fiction où la machine de la révolution industrielle flirte avec l’iconographie de l’Art nouveau et les rêveries futuristes.
Ses dessins traduisent une connaissance et un goût pour l’histoire de l’art, de l’imagerie médiévale à Goya. En effet, Love Bit, créée en 2002, ne peut se contempler sans y lire une référence directe à la version goyesque de Saturne dévorant ses fils, peinte entre 1819 et 1823, et conservée au Musée du Prado. Saturne prend ici les traits d’une femme âgée, dévorant un enfant dont la taille est amoindrie.
Laurie Lipton anime un site internet foisonnant, pour notre plus grand plaisir.