Jenny Saville est une peintre figurative britannique née à Cambridge en 1970. Elle vit et travaille à Londres et Palerme.
Ses nus féminins grandeur nature donnent une réalité concrète à la torture infligée par l’obsession de la minceur, en nous mettant sous les yeux les distorsions de l’image corporelle dont souffrent beaucoup de femmes. L’œuvre de Jenny Saville semble pousser le désenchantement à son paroxysme en transformant l’appréhension du face-à-face avec son corps nu en un véritable cauchemar.
Au début des années 1990, Jenny Saville emménagea à New York pour assister à des séances de liposuccion et de chirurgie esthétique aux côtés du Dr. Barry Martin Weintraub. Durant cette période, l’artiste consulta de nombreux documents médicaux sur des pathologies ainsi que sur des traumatismes, brûlures et blessures en tout genre.
L’un de ses tableaux les plus célèbres, Propped (1992), offre une vue en contre-plongée d’une femme assise sur un tabouret, qui se pince les chairs à pleines mains d’un air horrifié. Dans Plan (1993), des lignes tracées sur les bourrelets délimitent les zones vouées au bistouri du chirurgien.
La chair omniprésente, opulente et monstrueuse de ses modèles est le reflet d’une société en mal d’affection, tourmentée par les obligations corporelles. Ses peintures construites à coups de pinceau violents et précis, à l’huile grasse et luisante, sont empreintes d’une anxiété toute contemporaine. Le traitement des chairs et l’ambiguïté de leur valeur rapproche son travail de celui de Lucian Freud.