Peintre photoréaliste né à Boston en 1959, Steve Mills a vendu sa première toile à l’âge de 11 ans. Cette précocité est révélatrice de son affinité, presque originelle, avec le pinceau.
Influencé par les grandes figures de l’hyperréalisme américain, Edward Hopper ou Norman Rockwell, il donne un caractère propre à son oeuvre en découvrant les tableaux d’Andrew Wyeth et, plus tard, ceux de Richard Estes. Après avoir exploré la voie du paysagisme, il s’impose comme peintre du détail.
La virtuosité de sa technique atteint un réalisme tellement parfait qu’il en devient déroutant, trompeur pour l’oeil. La limite entre la photographie et la peinture est difficilement perceptible. Ses détails d’objets triviaux ressemblent à un morceau de bravoure. Les journaux empilés sont l’occasion d’un travail de rendu des textures du papier, de ses pliures et de son feuilletage, sorte de version moderne du motif des drapés classiques et de l’effusion de virtuosité qu’elles permettent. Les reflets de la lumière sur des siphons, leur transparence et leurs gouttelettes, sont autant de réverbérations infimes de la lumière que le peintre voit et peint; l’oeil précède la main dans cette oeuvre qui poursuit le gageure de rendre la minutie exhaustive du réel. Plus loin, une loupe posée sur un vieux livre lui permet de jouer de la déformation de la vision, des altérations de l’optique.
Cette loupe est un sorte de métaphore du peintre lui-même: en faisant un gros plan sur ces aspects du réel, par la force de son style, il en fait jaillir la dimension extraordinaire. Il semble nous montrer que le moindre morceau du monde recèle une infinie richesse de la matière, qu’il est un univers de sensations (visuelles, tactiles…) en soi. Et que le défi est grand pour qui veut en rendre le foisonnement. Il n’est pas besoin de grands sujets pour peindre la grandeur du monde: elle est perceptible dans le petit et le trivial. L’art est l’émule du monde. La nature morte est chargée de sens.
La mimesis est le domaine où règne le pinceau de Steve Mills.
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