Le pinceau de Jonathan Wateridge capte le réel dans son foisonnement infini. Il est un oeil photographique invitant à s’arrêter sur le moindre détail, à scruter les recoins du tableau. Comme dans les photographies de Jeff Wall, le spectateur invente une vie à chaque élément relégué à l’arrière plan ou réduit au microscopisme pour en saisir la force dramatique. Car les tableaux de Jonathan Wateridge sont d’implacables mises en scène. Certains évoquent des plateaux de cinéma figés. La composition parfois étrange, volontairement forcée, souvent légèrement incongrue, crée un curieux contraste avec la reproduction hyperréaliste du monde, inspirée de la manière d’un Edward Hopper. Tout fonctionne comme si de la banalité reproduite à l’identique naissait de l’extraordinaire. Soudain, un détail met en branle l’immuabilité froide de la pure imitation pour dire l’intensité du réel, son essence extraordinaire. Il se rapproche en cela des grandes fresques de Guillaume Bresson. En captant la surface des choses on arrive à en toucher le fond. L’artiste nous invite à penser que les apparences sont loin d’être trompeuses.