Alors que certains annoncent la fermeture programmée et imminente de l’Institut Néerlandais à Paris, celui-ci organise une exposition pleine d’optimisme: « Through an open window – Art contemporain de la Rabo Art Collection ». Grâce à celle-ci, le plus hollandais des lieux culturels parisiens nous dévoile une très belle collection d’œuvres amassées par la Rabobank, une institution hollandaise au nom peut-être un peu barbare mais aux goûts très intéressants. Dernière chance pour une visite dans ce très bel immeuble de la rue de Lille? Non, car si l’Institut disparaît, les expositions, elles, seront toujours d’actualité dans les années à venir. Enfin, c’est le bruit qui court au guichet à l’entrée.
Débutée il y a environ 25 ans, la collection d’entreprise de la Rabobank compte aujourd’hui pas moins de 1100 œuvres. Au sein de cet ensemble, tous les courants, tous les supports et de nombreuses nationalités sont représentés. Très centrée sur les productions des artistes de son pays d’origine, cette collection s’est en effet ouverte en 2009 aux artistes internationaux. On y retrouve aujourd’hui aussi bien les peintures de l’incontournable artiste hollandais Karel Appel que les photographies de l’allemande Loretta Lux, des œuvres du danois Olafur Eliasson ou des sculptures de l’artiste nigérian Yinka Shonibare.
S’il est un ADN définissant à la perfection cette collection c’est bien l’ouverture. Une ouverture ayant poussé ses « créateurs » à élargir le spectre de leurs acquisitions et à décloisonner quelque peu cette collection initialement consacrée aux artistes hollandais de l’après guerre. Une ouverture également sur le monde, sur notre société, sur ses mutations, des thématiques que l’on retrouve dans de nombreuses œuvres abordant les problèmes identitaires ou interrogeant l’authenticité de nos cultures. Une ouverture sur la jeune création et sur l’avenir des artistes puisque la collection a pour particularité de manifester une volonté de nouer des liens avec eux, de suivre leur parcours, d’acheter plusieurs de leurs œuvres et parfois même de leur commander des œuvres spéciales. Une ouverture enfin sur la vocation même d’une collection d’entreprise puisque celle-ci était tout d’abord destinée à décorer les bureaux de la banque et qu’aujourd’hui ses œuvres voyagent, sont prêtées et qu’a vu le jour la Rabo Kunstzone située à Utrecht et dont l’objectif est de rendre cette collection visible au grand public.
Sur deux étages, l’exposition vous présentera donc le travail de 39 des artistes de la collection mais pas question de « spoiler » quoi que ce soit et de vous en dire plus. Parmi nos coups de cœur plusieurs œuvres méritent bien un peu de divulgation. Tout d’abord, « Pegasus Dance », une vidéo de l’artiste espagnol Fernando Sánchez Castillo mettant en scène dans un ballet sensuel deux camions armés de canons à eau généralement utilisés pour disperser des manifestants. Originales également, les sculptures tressées de l’artiste béninois Meschac Gaba, établissant un parallèle plastique entre l’architecture et le tressage des cheveux. Encore plus étonnant, le couple sans tête de l’artiste Yinka Shonibare et les différents personnages sculptés par Folkert de Jong. Enfin, ne manquez pas cet inhabituel autoportrait de la photographe Rineke Dijkstra situé dans l’entrée ainsi que l’étrange sculpture tout en chinoiseries d’Harmen Brethouwer.
“Through an open window – Art contemporain de la Rabo Art Collection” – Du 13 septembre au 4 novembre 2012 à l’Institut Néerlandais
Institut Néerlandais
121 rue de Lille
75007 Paris
Ouvert tous les jours de 13 h à 19 h, sauf le lundi.
Artistes exposés: Carel Visser, Robert Zandvliet, Jan Andriesse, Navid Nuur, Olafur Eliasson, Stanley Brouwn, Jan Schoonhoven, Marc Bijl, Folkert de Jong, Michael Raedecker, Karel Appel, Daan van Golden, Marlene Dumas, René Daniels, Yinka Shonibare, Berend Strik, Viviane Sassen, Marijke van Warmerdam, Harmen Brethouwer, William Kentridge, Rineke Dijkstra, Sigurdur Gudmundsson, Aernout Mik, Alicia Framis, Charlotte Schleiffert, Arjan van Helmond, Pablo Pijnappel, Saskia Olde Wolbers, Ger van Elk, Marina Abramovic, Uwe Laysiepen, Pieter Laurens Mol, Helen Verhoeven, Fernando Sánchez Castillo, Meschac Gaba, Hadassah Emmerich, Jacqueline Hassink, Fiona Tan, Desiree Dolron et Amalia Pica.