René Daniëls est né en 1950 à Eindhoven, aux Pays Bas. Influencé par la culture underground des années 1970 et 1980, l’artiste est une figure majeure du post-expressionnisme. Concluant ses études en 1976 à l’Académie Royale d’art et de design, il s’engage ensuite dans un travail artistique polymorphe, incluant dessins et peintures, et ayant pour influences René Magritte, Marcel Duchamp, Francis Picabia et Marcel Broodthares. Il connait, en outre, deux périodes importantes dans son travail, marquées par la rupture que constitue son hémorragie cérébrale en 1987 et qui l’empêchera de peindre pendant presque deux décennies. Il ne reviendra dans son atelier qu’en 2006.
Ses peintures posent la question du sens et de la valeur conceptuelle de l’art contemporain. C’est en ce sens que pourrait se lire la toile The Most Contemporary Picture Show de 1983 où l’artiste met en scène littéralement l’art contemporain. Cette mise-en-scène permet au spectateur de prendre une certaine distance critique et d’entrer dans l’œuvre avec un regard plus ambivalent pouvant laisser place à des valeurs clefs de l’œuvre de René Daniëls: l’ambigüité, l’allégorie et le double sens. Ce dernier impératif, celui du double sens, est visible dans la toile Cocoanuts de l’artiste où l’on aperçoit un homme debout mais, dans le même temps, dont la barbe suggère qu’il est attaché par les pieds. Cet endroit et envers du tableau, ce double sens de lecture semble métaphoriquement induire le lecteur vers une recherche de l’ambigüité et de la double narration picturale. Le spectateur, comme dans le tableau Sans titre de 1987, se trouve face à de multiples représentations de la même réalité et doit les affronter en acceptant les différents sens au sein de son espace mental. C’est en cela que naît l’importance de l’allégorie au sein des toiles de Daniëls. L’allégorie, au sens étymologique du terme, signifie dire autre chose que ce qu’il n’y parait. Cette autre chose constituerait, dès lors, une certaine transcendance du tableau, un au-delà pictural sans cesse à atteindre. Le spectateur évolue alors dans une forêt de signes qui s’entremêlent et se superposent, comme dans Historia Mysteria de 1982, où les arbres nous rappellent, de manière quasi instinctive, le poème de Baudelaire intitulé Correspondances :
« La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. »