Dongwook Lee est un artiste coréen né en 1976. Il a récemment exposé à New York dans le cadre d’une résidence à la Doosan Gallery. Il est représenté par Arario Gallery, à Séoul.

Dongwook Lee appartient à la famille des sculpteurs contemporains hyperréalistes, aux côtés de Ron Mueck ou Duane Hanson, déjà recensés (et encensés) sur Boum! Bang!. L’hyperréalisme en sculpture provoque toujours un certain malaise, la fameuse « inquiétante étrangeté » qui saisit l’homme depuis l’Antiquité devant la représentation de son semblable dénué de vie: cadavre, rêve ou résine peinte.

Là où Ron Mueck fait le choix du gigantisme et Duane Hanson de la fidèle taille nature, Dongwook Lee s’épanouit, lui, dans la miniature. La prouesse technique en est décuplée. Ses sculptures ne mesurent généralement qu’une dizaine de centimètres de haut, mais sont extrêmement élaborées dans leurs détails: couleur de la peau, cheveux et pilosité. Peut-on encore parler de sculpture devant ces œuvres qui s’apparentent plus à de petits objets précieux: spécimens biologiques (cocons, créatures dans leur bain de formol) ou bijoux dans leur écrin (ici une simple boîte de sardine). La scénographie des expositions de Dongwook Lee joue d’ailleurs sur l’effet de collection qui peut rappeler les statuettes rituelles alignées dans les vitrines des musées d’égyptologie.

Dongwook Lee RealReal, 2006, mixed media, 12 x 3 x 3 cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee SuffocationSuffocation, 2003, mixed media,glass bottle,6x5x5cm, © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee UntitledUntitled, 2010, photographie, 142x142cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee driveDrive, 2007, mixed media,150x90x40cm, © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee DriveDrive, 2007, detail © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee MermaidMermaid, 2006, mixed media, 10 x 3 x 3 cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee SailorSailor, 2004, mixed media, dimensions variables © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee BonsaiBonsai, 2007, mixed media, 15 x 8 x 8 cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee HandleHandle, 2007, mixed media, 103x7x5cm et 63x5x5 © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee Arario GalleryVue de l’exposition à Arario Gallery, Séoul, 2011 © courtesy of the artist and Arario Gallery

Dongwook Lee manifeste une prédilection pour les êtres en détresse, saisis au paroxysme de situations sans espoir: nudité, difformité, esclavage, captivité. Des hommes et des femmes dont la survie tient à on ne sait plus trop quoi. Les situations qu’il élabore sont fictives, spectaculaires, parfois jusqu’au mauvais goût, comme cette figurine écartelée pour reproduire l’emblème de Mercedes.

Dongwook Lee pose avec cruauté la question de ce que regarder veut dire. La petite taille de ses sculptures place le spectateur dans une situation de prédateur. Il tient le sujet à sa merci, il lui suffirait d’une pichenette pour achever sa proie, déclencher la catastrophe. La violence des situations est redoublée par celle du voyeurisme.

La portée politique d’un tel dispositif est assez évidente. Se trouve ici révélée de manière terrifiante l’impuissance de l’être humain devant son semblable en détresse. Le spectateur de musée regarde, fasciné, mais ne peut répondre aux appels à l’aide. Avec leur petite taille et leurs poses résignées, les personnages de Dongwook Lee font penser aux victimes que nous exhibent les petits écrans et les pages des tabloïds, que l’on observe curieux, inquiets, indignés parfois, mais finalement passifs.

Prince, 2008, mixed media, 3 x 3 x 14 (h) cm courtesy of the artist and Arario GalleryPrince, 2008, mixed media, 3 x 3 x 14 (h) cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Old King, 2008, mixed media, 4 x 6 x 14 (h) cm courtesy of the artist and Arario GalleryOld King, 2008, mixed media, 4 x 6 x 14 (h) cm © courtesy of the artist and Arario Gallery

Pour mieux suggérer la parenté de ses sculptures et des images médiatiques, Dongwook Lee a eu l’idée géniale, dans ses dernières œuvres, de décomposer partiellement le motif en une brume de pixels, reproduisant le procédé utilisé dans les médias pour masquer les images jugés in-montrables, violents ou pornographiques. Dongwook Lee révèle l’hypocrisie de cette censure qui au contraire, amplifie la présence de l’insoutenable. À partir de quelques éclats colorés, visuellement splendides, l’imagination prend le relai du visible, le spectateur se découvre capable de reconstituer, en esprit, les pires atrocités.

Rien de tel que l’horreur pour visiter les replis obscurs de l’âme humaine…

Dongwook Lee I wishedI wished, 2004, mixed media, 5x15x5cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee Wen B 29Wen B-29, 2010, mixed media,10 x 6.5 x 14cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee I don't know anythingI don’t know anything, 2010, mixed media, 50x50x70cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee I know everythingI know everything, 2010, mixed media, 30x37x38cm © courtesy of the artist and Arario Gallery
Dongwook Lee White Arab HorseWhite Arab Horse, 2010, mixed media, dimensions variable © courtesy of the artist and Arario Gallery