Ron Mueck, né à Melbourne en 1958 (il vit et travaille en Grande-Bretagne), n’a de cesse de perturber et d’interroger les critères et les tabous de notre société à travers la présentation d’un corps humain hors normes.
«Je n’ai jamais eu l’ambition d’être sculpteur… je ne sais pas pourquoi je fais ça mais je ne sais pas ce que je pourrais faire d’autre. Je ne me revendique pas artiste, c’est simplement la seule chose que je sais faire.» Ron Mueck
Les parents de Ron Mueck étaient respectivement fabricants de jouets en bois et de poupées. Lui-même se lancera alors dans une carrière de créateur de marionnettes avant de se tourner vers le monde de la télévision, du cinéma et de la publicité. C’est à sa belle-mère, l’artiste Paula Rego qu’il doit sa rencontre avec le célèbre collectionneur d’art Charles Saatchi, qui l’invite à plonger dans le monde de l’art contemporain comme praticien.
Sur le plan technique, il se tourne rapidement vers le silicone (caractérisé par une plus grande souplesse que la fibre de verre notamment) qu’il combine à de la résine polyester et de la peinture à l’huile. Il consacre son art à un motif : celui du corps humain. Approchant la précision clinique, avec la force du détail (ride, pilosité, transparence de la peau), l’artiste est à rapprocher au mouvement de l’hyperréalisme. Ron Mueck, avec un certain goût du morbide, s’attaque aux tabous de la société : obésité, vieillesse, mort. En ce sens, il peut être rapproché de l’artiste Jenny Saville. La déchéance du corps est renforcée par le choix de sa dimension. Des dimensions anormales – trop grandes, trop petites – jamais à l’échelle humaine, qui renforcent le propos. Cette perturbation provoque une tension entre le monde réel, celui du regardeur, et l’univers fantasmagorique des sculptures. Enfin, il est intéressant de souligner que ces personnages, à qui il ne manque que le souffle (de vie) et le mouvement, sont mis en situation par un indice (lit, drap, tabouret, etc), témoins, de leur vies.