Duane Hanson (1925-1996) était un sculpteur américain. Après une carrière d’enseignant en Allemagne et aux États-Unis, il décide de se consacrer pleinement à son art. Le plasticien choisit alors, au coeur des années 1960, de rompre avec la tendance dominante de l’époque : l’expressionnisme abstrait dont les principaux représentants sont Jackson Pollock, Mark Rothko ou Willemn de Kooning. Lui, privilégie une représentation quasi photographique de la réalité et deviendra ainsi le chef de file de l’hyperréalisme américain.
Très vite, il prend le parti de représenter des individus – hommes et femmes – empruntés à la société américaine : personnages de la classe moyenne ou des marginaux loin des idéaux de l’American Way of Life. L’artiste révolté s’engage à témoigner de ce qui dérange: racisme, maltraitance, pauvreté, dépendance. Ses personnages sont en grandeur nature, à la différence de ceux réalisés par Ron Mueck qui présentent une rupture d’échelle. Certains parlent, pour le travail de Duane Hanson, de critique d’une société américaine devenue son propre stéréotype. D’autres soulignent les questionnements sociaux qu’il pose mais tous s’accordent à dire que l’artiste aborde ces personnages avec respect et empathie, toujours en adéquation avec son intention critique.
L’artiste travaille par moulage sur modèle vivant. Ensuite, les sculptures sont faites de fibre de verre et de différentes résines. Cette technique lui permet de figurer des détails de la texture de la peau, étape supplémentaire d’un réalisme devenu troublant. Le grain de l’épiderme est rendu avec une virtuosité étonnante. La pilosité des bras, des jambes est ouvragée avec une minutie de démiurge. Chaque personnage est alors habillé, coiffé et mis en situation.
On voit défiler sous nos yeux les répliques de figures de l’Amérique populaire. Le musée devient le lieu d’exposition d’une bloc d’art sculpté dans le vif du réel. Ces figures de résine mélancoliques, au regard perdu dans le vide, rendent le détail des corps, des vêtements, des accessoires et des situations avec une telle intensité, qu’on perçoit une lueur d’âme dans ces statues prostrées. L’artiste parvient à suggérer la vie psychique de ces personnages par l’imitation des apparences. La résine devient chair vibrante.




























