Yann Bagot développe un travail de dessin dans et avec le paysage. À l’aide de diverses techniques, l’encre, la gravure, le collage, il fait naître des images des sites naturels qu’il a vu et éprouvé. Il s’attache à travailler dehors, dans des espaces instables, fragiles, où tout est mouvement permanent, tels les rivages, les littoraux et les montagnes. Il écoute le paysage, laisse son corps et son esprit ouverts, sensibles aux variations et aux réactions des éléments naturels. Chaque milieu l’incite à concevoir un dispositif qu’il contrôle un minimum, une rencontre entre la matière picturale et celle de la nature. Les moments où tout peut basculer, pluie, vent, l’intéressent pour tenter ses expériences. Chaque tentative de représenter un paysage peut alors, à tout moment, être perturbée. Il saisit l’instant présent, capte les effets provoqués par les phénomènes naturels.
Sa série intitulée « Titans », présente des masses glaciaires, des formes apparues par l’épreuve du contact de l’encre avec l’eau de mer et la pluie. Dans la série « Sources », à l’encre de chine et mine de plomb sur papier, les formes renvoient à des temps géologiques. Laissant les éléments naturels faire leur travail, Yann Bagot révèle leurs caractéristiques, leur puissance et leurs changements.
Sa série « Chaos #2 » présente d’étranges formes organiques, des pierres qui apparaissent monumentales. Entre celles-ci, le vide laissé incite le spectateur à se projeter dans un site naturel démesuré, façonné par le temps.
Par ses jeux, expérimentations avec ce que lui offrent les sites naturels où il travaille, Yann Bagot travaille tel un archéologue, révèle la mémoire des pierres et des mers. Il fait remonter à la surface les premiers paysages. Dans ses œuvres, s’inscrit le temps, la trace d’un mouvement, d’un phénomène naturel. Expériences artistiques et bouleversements possibles des éléments naturels se rejoignent.
Présentée à l’exposition collective « Mues », à la Galerie 24b, sa série de dessins « Mutis Liber », propose, elle, comme le récit d’un rêve, des images d’univers cosmiques, des bestiaires fantastiques et des paysages nocturnes, proches de la science-fiction et du fantastique. Réalisées à l’aide de diverses trames, ses œuvres présentent un mouvement permanent, un état du monde en évolution. La ligne est pour Yann Bagot une sorte de langage, une technique pour traduire des cheminements possibles. Elle ouvre vers l’inaccessible.
Ses œuvres oscillent entre abstraction et figuration, vue macroscopique et microscopique, et renvoient à la force et à la fragilité de paysages qui nous dépassent. Elles invitent à rêver et à faire surgir les souvenirs de lieux parcourus, d’émotions ressenties. Yann Bagot nous incite ainsi à prendre conscience des évolutions que subissent en permanence ces paysages et de leur devenir.