Ils se connaissent depuis au moins 15 ans. Ils sont basés à Lille. Olivier Lerouge et Alexandre Orvane ont créé le Studio Corpus en 2007. Ils proposent leurs talents à toutes les structures ou personnes en quête d’identité visuelle, captant l’essence d’une activité pour la retranscrire sans fausse note, sous forme de couleurs et de lignes. Pourtant, la partie professionnelle du studio ne saurait à elle seule définir son ambition. Il faut pour cela redessiner le profil de ses deux fondateurs.
Le premier, méticuleux visiteur des archives de la presse, déconstruit des clichés passés pour leur donner un nouvel équilibre qu’on ne saurait clairement définir tant les possibles varient. Les images anciennes ainsi retravaillées donnent lieu à des vignettes non dépourvues d’ironie et aux couleurs acidulées, en style collage sur papier millimétré. Ses personnages, principalement féminins, semblent entrer dans un monde en suspension, fait de formes dont la précision géométrique souligne les zones d’ombres d’un humain presque trop net pour être vrai.
Le second a rapporté d’un séjour au Mexique une fascination pour l’iconographie zapotèque. Des formes simples, un jeu bluffant sur la symétrie, une masse si épurée qu’elle en devient aérienne. Ces épures formelles sont dessinées à la main, à l’acrylique sur papier. Des formes principalement féminines, hiératiques et rassurantes. Une mère nature bienveillante et sereine.
C’est d’ailleurs cette atmosphère naturelle de retour aux origines qu’ils ont choisi d’explorer ensemble pour concevoir l’ambiance de la chambre Mama Wolf de la maison d’hôtes urbaine Au Vieux Panier à Marseille. Elle confie chaque année à cinq artistes la responsabilité d’investir les lieux de leurs univers respectifs. Invitant le voyageur de passage à s’échapper, la chambre recèle d’indices renvoyant les uns aux autres : une clef sous verre, un portrait dont le cœur est une serrure et des miroirs pour indiquer l’infinité des combinaisons possibles. L’écriture à quatre mains, au lieu d’être un simple dialogue, devient alors comme un chant mystique célébrant la femme-monde, la mère nature.