Peter Franck dit, lorsqu’il compose une image, ne pas rechercher seulement la beauté des corps en une parfaite lumière. Il a raison, car il va en effet beaucoup plus loin. « L’objectif de l’objectif » (si l’on peut dire) est de poser des questions sur ce qui se passe au sein de narrations où l’artiste reprend à son compte la vieille esthétique des films porno pour créer un « nouveau style » aussi ludique, drôle, suggestif qu’énigmatique.
Et si l’érotisme se réduit souvent à un « entertainment » de pacotille, Peter Franck lui accorde un nouveau lustre qui transforme le mauvais goût en délire sexy. Le photographe allemand affectionne les compositions incongrues qui lui permettent de questionner le rôle, l’identité et la représentation de la femme dans la société comme dans l’art.
Les stéréotypes de l’éros préfabriqués glissent sur d’autres registres. Les œuvres se rapprochent parfois d’un certain grotesque comme du pathétique. Si le corps de la femme garde son statut de machine à fabriquer du fantasme, il devient une enveloppe où se cachent d’autres postulations que celles réservées aux extases libidinales. Les hypothèses désirantes déraillent au sein du rose bonbon comme du noir et blanc. Le passé de l’éros « sex-shop » ne passe plus dans les œuvres, elles sont créées contre lui pour des extases négatives et réjouissantes.