En art il n’est pas toujours donné à une forme de liberté de naître. Celles et ceux qui se veulent porteurs d’alliances et de souffles discordants s’égarent en jouant dans le sordide. À l’inverse avec Olivier Masmonteil le « sentiment » de la peinture est non de lourdeur mais de légèreté. Les souffles remplacent les empierrements et la vie n’est pas dans les plis: elle est au sein de rondeurs aussi parfaites que déraisonnables. Préside une idée au départ de chaque toile mais tout se crée en avançant.
L’artiste perdure dans sa volonté de jouer avec les genres picturaux et les styles au sein d’une peinture figurative. Elle cultive un certain onirisme selon des angles souvent inattendus. Il commença cette dérive dès sa sortie de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux et de sa rencontre avec Gérard Garouste. Sous son influence, du paysage (qui le pousse à parcourir le monde) il passe au portrait tout en ne renonçant pas au premier comme aux natures mortes, scènes de genre. Toutefois la représentation du corps devient majeure là où l’artiste revisite des mythologies classiques pour imposer la sienne selon divers croisements.
Surgit parfois la lumière des corps sur le ciel accompagné de blanc en une suite de déclins et de remontées dans la fluorescence veinée. La torpeur des gangues se transforme en jaillissements colorés et subtils. Dense et aérée chaque pièce suggère l’opacité de l’air, la diaphanéité de la matière. Se crée une élégance totale le temps d’un éternel spasme. Tout reste enchevauchée, crue et ascension dans les signes d’une traversée et une expérience du visible que bien peu d’artistes saisissent. Il ne s’agit plus de se « rincer l’œil » mais de le laver de ses grilles d’interprétation pour qu’il embrasse, naïf, des arcanes vitales là où la lumière semble pourtant offusquée.