Les toiles de Norbert Bisky frappent par leurs couleurs étincelantes et leur violence érotique. L’artiste, né en 1970 à Leipzig, vit et travaille à Berlin. Il a 19 ans lorsqu’il assiste à la chute du mur. Il passe son enfance en RDA dans une famille aux sensibilités communistes. Lorsque le mur de la honte tombe, il s’empresse de découvrir le monde de l’Ouest. Il enrichit son éducation artistique en suivant les enseignements de Georges Baselitz à l’université de Berlin. Il continue sa formation auprès de Jim Dine pour se plonger ensuite au coeur de l’Espagne lors d’un séjour en Erasmus à Madrid, où il découvre et s’imprègne de l’oeuvre de Goya.
Sa peinture figurative – flirtant parfois avec l’abstraction – témoigne du réalisme socialiste de son enfance, des utopies perçues comme de «fausses promesses», mais aussi des changements qu’a connus la ville de Berlin depuis la réunification. Ses toiles, pour la plupart, sont peuplées d’éphèbes, s’accordant aux idéaux d’une beauté standardisée produite par la société contemporaine. La dimension sexuelle (son art est parfois qualifié d’homo-érotique) se mêle à des scènes de brutalité. L’érotisme et la violence sont un couple cher à l’art. À la violence des rapports entre protagonistes peut répondre une violence de l’environnement. Les ruines révèlent ce qui semble être l’indice d’une catastrophe naturelle ou d’une destruction provoquée par l’Homme.
Son oeuvre traduit une sensibilité à l’histoire de l’art, s’imprégnant des courants européens (le futurisme ou l’expressionnisme allemand) et s’ouvrant à d’autres horizons (en témoigne son goût pour la calligraphie japonaise ou la culture manga). Ses recherches sur la peinture de paysage, sur le portrait ou ses grandes toiles narratives en sont les principaux témoins. Enfin, il est intéressant de souligner que la dimension humoristique est importante pour l’artiste. Il souligne que « si un tableau fait rire, c’est un bon point. Cela me met de bonne humeur lorsque je peins ».
La Galerie Daniel Templon expose l’artiste, pour la première fois et jusqu’au dernier jour de 2011, dans une exposition entièrement consacrée à sa peinture figurative. Sous le titre «Decompression», l’exposition rassemble certaines des toiles les plus récentes du peintre allemand. Des oeuvres spectaculaires qui mêlent chaos et beauté.