Créatrices des deux dernières pochettes des compilations du label InFiné, Lili Wood est également l’auteur d’un blog aussi appétissant qu’esthétique. Elle travaille sur tablette graphique mais tente de se rapprocher des matières offertes par l’aquarelle ou le crayon. Acidulés, toujours poétiques, les personnages qui peuplent ses créations forment un univers imaginaire naïf qui invite à un onirisme enchanté.
Avant de devenir illustratrice, Lili Wood a travaillé pendant des années dans la boutique parisienne de cinéphiles: Potemkine. Lors de cette première expérience, elle a pu, chaque jour, regarder des milliers d’images: celles des films accumulés dans les rayons. Avec un faible pour les réalisateurs expressionnistes allemands, elle garde une affection particulière pour les perspectives cassées. Influencée par la répétition des traits chers à Edouard Gorey mais également par la philosophie et la simplicité de Sempé, elle parvient à proposer un travail original qui convoque une certaine douceur.
Cette amoureuse de Prévert travaille actuellement sur un projet de livre d’enfant, rien de plus naturel à la vue de ces premiers essais réussis, me direz-vous? C’est évident, mais là où cela devient intéressant c’est que Lili Wood confesse: « quand j’étais enfant, je rêvais de devenir artiste mais ça fait peur d’affirmer que l’on veut devenir artiste. Dans la création, ce mot impliquerait pour moi une tonne de questions alors que finalement l’illustration, c’est du concret, et ça me permet de rester plus spontanée, peut-être plus tard… » et c’est vrai que ces dessins ont quelque chose de très actuel, comme si elle parvenait en quelques traits à capter sa réalité.
Expatriée à Berlin depuis une petite année, elle s’amuse à collectionner les images qui peuplent son quotidien. Tickets de métro, étiquettes de shampoing, boites d’allumettes, l’exotisme du graphisme allemand l’inspirent comme la musique. Elle a d’ailleurs collaboré à la création du clip « So, so,so » de Rone aux cotés du collectif Fünf. Le monde de Lili Wood n’est pas dénué d’humour, il oscille entre poésie, drôlerie et puise dans l’air du temps une certaine forme de légèreté. Une bouffée d’air pur salutaire dans un contexte souvent trop noir pour nous arracher un sourire.