Laure Forêt invente divers types de dédoublements par mise en fragments de corps isolés ou en couples. Un bras longe un pubis, une jambe longe dans une autre. Tout à la fois s’ouvre et se referme. Le dessin et ses tâches de couleurs provoquent le plaisir de regarder un écart et une proximité. Il existe quelque chose d’unique d’aborder le corps en une manière à la fois hélicoïdale et simplifiée jusqu’à un point de non-retour, un arrêt, pour aussitôt déclencher le tournis. Les corps se mélangent comme un vibrato profond superposé au plaisir de la surface astucieuse. Se crée en conséquence des collisions nucléaires dans la pensée. La plasticienne tranche le corps pour le sortir de son tissu de ronces. Restent des pliures d’ombre rose, des chemins frayés noir sur blanc. La lumière est caressée le long du cou, du bras. Restent des pans au grain d’orge et au sucre ignoré. Le corps s’écrit en ailes. Les jambes sont des routes. Le désir n’est pas loin en ces morceaux de corps disposés dans la région où la pensée n’est que panier percé.

Laure Forêt, Entre-deux © Laure Forêt, série: Entre-deux, aquarelle, 17,8×17,8 cm, 2014
Laure-Foret-entre-deux-2  © Laure Forêt, série: Entre-deux, aquarelle, 17,8×17,8 cm, 2014Laure-Foret-entre-deux-3  © Laure Forêt, série: Entre-deux, aquarelle, 17,8×17,8 cm, 2014Laure-Foret-entre-deux-4  © Laure Forêt, série: Entre-deux, aquarelle, 17,8×17,8 cm, 2014Laure-Foret-entre-deux-5  © Laure Forêt, série: Entre-deux, aquarelle, 17,8×17,8 cm, 2014Laure-Foret-entre-deux-6  © Laure Forêt, série: Entre-deux, aquarelle, 17,8×17,8 cm, 2014Laure-Foret-entre-deux-7 © Laure Forêt, série: Entre-deux, aquarelle, 17,8×17,8 cm, 2014

Demeurent juste des suites de soleils roses gantés pour enjamber ceps et épieux. Lignes et courbes tranchent l’épaisseur du blanc et celui de l’obscur. Au fond de l’entre-val le vrai se livre. Une jambe lue est ouverte en livre. La chair très douce, très rose, très diaphane reste inconnue, en protection rapprochée. Par l’aide des bras ou des cuisses s’exercent le danger atteignant le siège là entre les jambes et les yeux. Douceur de l’âtre dans le chevêtre. Renversement de lignes dans l’envers et la verse. Le change donne la bête aux enfers. La jambe échappe au corps, l’enlise plus belle de quoi elle s’empare. Elle réunit sa peau la profonde, lève le noir le plus nuit. Secousses jointes. Cambrures, galbes. De fond et de fleuve. Gestes uniquement. Les formes sont des routes. Elles se suffisent à elles-mêmes, calligraphient de l’essentiel. C’est le moment où le dessin commence vraiment en se faisant nécessaire – motif et principe. Seul compte l’instant de l’échange. Moments mutiques, énigme sans la question. La tendresse pour folie. Le tout au sein d’une vaporeuse poussière. Le désir devient folie et sagesse. En amont une bretelle s’est décrochée. Qui l’a défaite? Le regardeur voit le corps mais parfois il ne se voit plus corps. L’attente flotte ou coule. Soule de sable, louve cendrée à peau de figue, gourmande de sa gourmandise. Rose fragile, tendre parfum, accord tacite, à corps partagés. Le regard se fait tactile, le toucher est lueur. Des filets de mémoire ne cessent de la sculpter du ventre aux épaules en passant bien sûr par le cœur. Tant que faire se peut.

Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013
Laure Forêt, interstices© Laure Forêt, série: Interstices, 19×19 cm, 2013