Peintre, sculpteur et prothésiste de 30 ans, Julien Legars est diplômé de l’Ecole Régionale des Beaux Arts de Caen et de l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence. Cet artiste protéiforme basé en Normandie aime à déranger par la présentation d’œuvres violentes et intrigantes. Les archétypes présents dans les magazines lui servant de bases ou de modèles, il en arrive à peindre la chair et ses défauts, ce qui attire ou qui rebute, le comble de la beauté humaine. Ses « précieuses prothèses ridicules », minerves ou corsets, armatures d’avant-bras, de mains ou de pieds, qu’il prône comme accessoires de mode, futures parures indispensables, transforment, à l’image des talons hauts féminins, le maintient naturel de l’homme. Ses sculptures quant à elles, jeunes garçons à l’organe génital déplacé, démontrent la dénaturation à laquelle l’âme contraint le corps.
Julien Legars, ParanoMicrobienne, 2009, 24 toiles 40x40cm ©
Julien Legars, Fillette (détail), 2011 ©
Julien Legars, BlackPantie, 2010, 100x73cm ©
Julien Legars, CupCake ©
Julien Legars, The skinned knees, 2011, 130x97cm ©
Julien Legars, Varicelle, 50x61cm, 2011 ©
Julien Legars, Nana R, 2010 ©
Julien Legars, Fillette light 1 ©
Julien Legars, Fillette light 2 ©
Julien Legars, Fillette light 3 ©
Julien Legars, I m from a world where hardcore is beautiful, 2011 ©
Julien Legars, MyFirstSurgery, 2011, 190x130cm ©
Julien Legars, Fillette, 2011 ©
Julien Legars, Bunny, 2007, 130x110cm ©
Julien Legars, Miss prosthesis, 2006, 130x97cm ©
L’art de Julien legars est critique, il pique et se joue des codes de la société à travers divers médiums, de la peinture grasse et coulante à l’objet fin et délicat. La mise en scène de corps dénaturés permet ainsi à l’artiste de protester contre la volonté des normes actuelles de faire de la maladie, du handicap ou des blessures, un tabou, une erreur, quelque chose d’anormal ou de malsain. Donner matière à l’inesthétique est une manière de lui insuffler vie, consistance, et importance. « Prothèses de soirée », modèle luxueux et raffiné malgré son but premier, embellit les malheurs de l’amputé, lui donne ses airs de noblesse dans un écrin façon « Burberry ». La contrefaçon, la dénaturalisation des membres se fait aujourd’hui mode, principe à suivre, indétrônable et légitime. La chirurgie esthétique se banalise, les femmes s’affament, les hommes se féminisent, les codes deviennent contraignants, parfois même absurdes. Pour l’artiste, l’art n’est plus embellissement du réel, mais mimésis, représentation concrète des corps dans leur laideur physique, indubitable et authentique, à l’image des œuvres de Jenny Saville revendiquant : « Montrez ce corps que je ne saurais voir! »