Peintre autodidacte figuratif, Jérôme Romain, né en 1976, vit et travaille aujourd’hui à Montpellier. Ses œuvres hyperréalistes à l’huile sur toile sont réalisées à partir d’images numériques ou de photographies argentiques. Jérôme Romain aime à peindre des instants de vie, une émotion, un mouvement fluide, furtif et passager.
Pour représenter ces instants de vie ou choses anodines, l’artiste photographie ses amis, des inconnus ou des objets, paquets de chips ou bouteilles de bières, qu’il peint ensuite avec une lumière flash de manière à créer une sorte de réalité, de véritables symboles, puisque, d’après lui: « sans image fixé il n’y a pas de peinture possible ». S’oppose alors l’instantanéité de la photographie à la réalité temporelle de la peinture où la création se veut extrêmement diffuse mais qu’il semble maitriser à merveille, peignant précisément et minutieusement chaque centimètre de la toile, à l’image de Will Miss, dans la série intitulé Parfois la nuit, où un homme aux yeux exorbités souffle dans une bulle d’une surprenante réalité.
Jérôme Romain, Une souris et des hommes (Présentation), 116x81cm, 2012 ©
Jérôme Romain, Une souris et des hommes (Quand le chat…), 135x140cm, 2012 ©
Jérôme Romain, Miss C & Fabien, 55x38cm, 2010 ©
Jérôme Romain, L’annonciation, 146x97cm, 2011 ©
Jérôme Romain, Ballons, 146x97cm, 2011 ©
Jérôme Romain, Le tricheur, 146x97cm, 2011 ©
Jérôme Romain, L’opération, 146x97cm, 2011 ©
Jérôme Romain, Vanité, 146x97cm, 2011 ©
C’est parce que ses œuvres représentent des scènes contemporaines qu’elles peuvent s’apparenter à une certaine historicité, une représentation d’une époque et d’un comportement social. La peinture, se fait témoin de vie et de coutume, transforme un instant en une universalité intemporelle, modèle de comportement humain où les adolescentes rêvassent devant leurs livres, les femmes dansent la nuit et les tricheurs hantent les tables de jeux.
Le bouchon, de la série Par le détail, est un véritable modèle de la prédominance du mouvement dans les oeuvres de Jérôme Romain. L’artiste affirme préférer « l’agitation à l’immobilité » et semble lui-même offrir au spectateur une goute du nectar que nous tend l’homme à la redingote grise. La stabilité, l’ennui et le néant sont effacés par l’agitation, ses œuvres s’apparentant à des images de vidéo fixes, des scènes de films voulant explorer le pluralisme de la photographie, et les sentiments qu’elles apportent où l’observateur souffre avec l’homme se faisant tatouer, danse avec les noctambules et erre avec les vieillards.
Les peintures de Jérôme Romain, à l’image de Vanité, femme lasse assise dans la pénombre, éclairée à la lueur d’une bougie, portant un crâne sur ses cuisses, s’apparentent aux œuvres d’Edward Hooper qui s’interroge sur les mutations du monde moderne et les angoisses profondes des hommes de son époque. Il représente de manière imagée l’énigme de l’existence et du désir, du temps et de la mort. Pour l’artiste, Caravage, Cézanne, David Hockney, Peter Blake, Edouard Manet et Martin Parr, pour la photographie, sont ses principales sources d’inspirations puisqu’ils « sont (des artistes) aux identités fortes ayant réussit à capter quelque chose de leur époque tout en apportant du neuf d’un point de vue formel ».