Le photographe britannique Martin Parr est né dans la banlieue sud de Londres, dans la petite ville d’Epsom en 1952. L’art et la démarche «documentaire» de l’artiste sont aisément identifiables. À ses débuts, son oeil de photographe se faisait le témoin des années Thatcher et des conséquences de cette femme politique sur la société britannique.
Son projet Luxury, datant de 2009, met en avant le contraire de la politique d’austérité de Thatcher, c’est-à-dire l’opulence du luxe, avec cette pointe d’humour et de dérision qui lui est propre. À la manière d’un photographe documentaire, Martin Parr dresse le portrait de l’étalement de la richesse à travers ses stéréotypes (bijoux, fourrures, cigares). Il parcourt la planète – de l’Europe aux Etats-Unis, en passant par les villes à la prospérité grandissante : Dubaï, Pékin ou Moscou – se rendant dans les lieux dédiés à cette monstration de la fortune : les courses, les foires d’art, les soirées mondaines ou encore les garden partys.
Depuis la crise économique qui agite notre société, un changement de regard s’opère sur cette série datant de 2009. Les images peuvent s’ériger comme les témoins de la fin d’un système particulier où la richesse, la vanité, l’avidité se côtoient sans complexe et sans pudeur dans un mode de vie ostentatoire frôlant souvent la vulgarité. L’utilisation du grand format renforce d’une part cette notion d’exhibition du niveau social, et d’autre part permet de mettre l’accent sur le détail qui tue – devenu la signature de l’artiste.
Martin Parr affectionne le travail de série qui s’enrichit au fil du temps. Ce type de démarche peut se rapprocher de son goût pour la collection. À titre d’exemple, l’artiste collectionne les livres d’arts, les cartes postales, mais aussi différents objets en tout genre. Sur ce point, l’exposition (et le catalogue) que lui consacrait Le Jeu de Paume en 2009, avait le mérite de présenter l’artiste sous cette facette.