Jason Umfress explore la puissance des couleurs par la puissance du geste dans les tableaux abyssaux. Il revient à un langage subtil où l’impressionnisme passe par une forme d’abstraction. La simplicité d’apparence reste des plus complexes. Les abysses explorés par l’artiste s’en trouvent renforcés. La fascination surgit à travers ce qui soudain s’opacifie, se « matifie » ou à l’inverse devient éclatant et gagne en luminosité. Les gravitations de diverses valeurs de couleurs créent une vibration particulière. Leur tonalité demeure sans cesse une énigme: tristesse et joie se confondent sans que l’on puisse dire quelle impression domine. Tout reste donc de l’ordre du mystère travaillé à la fois par une technique puissante et une sensibilité rare. Mais pour autant la pure émotivité « de surface » n’est pas recherchée. Chaque tableau devient l’objet d’une méditation inépuisable là où tout reste aussi éthéré que terrestre.
© Jason Umfress, Huile sur bois, 51×38 cm, 2013
© Jason Umfress, Huile sur papier, 25×33 cm, 2013
© Jason Umfress, Huile sur toile, 51×61 cm, 2013
© Jason Umfress, Huile sur bois, 25×36 cm, 2013
© Jason Umfress, Huile sur carton à dessin, 25×38 cm, 2013
© Jason Umfress, Huile sur toile, 25×38 cm, 2013
En conséquence par l’émotion créée la peinture devient un écho de l’être. Mais pas n’importe lequel: celui qui se bat sans cesse contre lui-même. Il se perd dans des rondeurs et des étirements. Par leur nature, les tâches de Jason Umfress créent une disjonction tout en entrant en rapport les unes par rapport aux autres. Il y a là ordre et désordre. On entre dans la faille et la présence que la peinture – volontairement – ne comble pas tout à fait en ce qui tient d’un effet kaléidoscope mais aussi de l’extase immobile. L’oeuvre à la fois rassemble et rompt pour déboucher sur une zone inconnue des rives qui d’ordinaire ne se laissent pas atteindre. Le peintre américain les atteint. Douceur, plénitude mais aussi sécheresse et une forme de violence affectent cette effraction que devient la peinture dans son exigence la plus hautaine.
Ce n’est donc pas seulement une pensée qui porte vers elle mais une sorte d’engourdissement, de demi-sommeil. Ceux-ci n’excluent pas – au contraire – la lucidité. Le regardeur pénètre les cercles d’un pays intérieur ignoré mais comme perçu. Un pays antérieur à la conscience, une contrée incertaine. Jason Umfress donne donc à voir un autre monde. Son flux persiste. Au sein du mouvement qu’ils créent suivant la position des rotondités la dispersion insistante mais aussi l’amalgame inventent l’unité secrète, absolue. Chaque œuvre dans sa discrétion rapproche de la lisière brouillée de la pensée.