Rien ne fait que le réel s’épuise dans le mot. Néanmoins et pour certains, nous n’irons jamais plus loin qu’en entrant dans l’écriture même si le monde s’y est précipité bien avant. Néanmoins et parce que les mots ne sont ni la maison de dieu ni celle du réel, l’image garde une perspective indépassable et qui en fait le prix. Elle cerne – en particulier chez Hélène Damville – la complexité de l’être: le désir et la mort, le masculin et le féminin sans souci de leçon. Existe des approches, des attentes, des montées, des descentes dans divers circuits de reprises et de circulations par ce que le dessin dans sa facture première peu offrir. À savoir ce que les mots ne font pas. L’artiste crée des hymens, des connexions, des circulations où des opposés tentent de se rejoindre, de s’articuler. Elle porte atteinte au vide par espoir de fusion.
Demeure le risque de l’abîme au sein d’un mouvement vers un assemblage peut-être impossible. L’apparition est trouble, confuse. Le dessin se projette et s’érige ou se jette dans l’abîme. Pas de lumière: au mieux le noir (sur le blanc) mais afin qu’il devienne un peu moins noir par ce qui s’érige: fragments de corps suspendus, bouches sans lèvres. Le dessin capte surtout la latence, le creux. Le souffle qui s’émet s’écrase en graphite et fait que la figure « avance », répondant au silence et au manque. Certes pour Hélène Damville tout ordre est provisoire: créé il est défait. Mais il avance dans l’œuvre de reprise en reprise.