Jeune artiste italien, Giuseppe Gonella est originaire de Motta di Livenza, commune située dans la province de Trévise en Vénétie, non loin des rives de la mer Méditerranée. Diplômé en 2008 de l’Académie des Beaux-Arts de Venise, il travaille actuellement à Berlin et partage sa vie avec la peintre Lorella Paleni. Son attrait pour l’art s’est manifesté très tôt et, avant d’entamer ses études, il a travaillé aux côtés de son père, Angelo Gonella, artisan reconnu dans le domaine de la mosaïque et du vitrail. Des origines et un parcours qui pourraient à eux seuls permettre de décrypter une partie des toiles mi-figuratives, mi-abstraites de cet artiste.
© Giuseppe Gonella, Formwork in the lazy river, open acrylic on canvas, 180 x 200 cm, 2012
© Giuseppe Gonella, MeSH D013969, acrylic on canvas, 200 x 150 cm, 2011
© Giuseppe Gonella, Untitled, acrylic on canvas, 150 x 150 cm, 2011
Dans les décors de Giuseppe Gonella, plages, dunes et ports de pêche rappelant sa région natale, coexistent avec des personnages à la récurrence troublante: des enfants, souvent en tenue de bain, nageant, prenant le soleil, jouant ou froidement inanimés. Qui sont-ils? Dans d’autres toiles, d’autres personnages, adultes cette fois, sont mis en scène. Leur identité nous échappe: une femme élégante, un homme aux allures de professeur, un couple enlacé… Peut-être s’agit-il de l’artiste, de ses parents ou tout simplement d’inconnus, baigneurs ou vendeuses de poissons croisés pendant un séjour ou peut-être encore tout simplement imaginés? Autour d’eux, d’autres éléments, également récurrents: un ponton, des cabanes, du matériel de plage, des cagettes, des livres et un trépied dont on ne sait pas concrètement ce qu’il supporte.
Déstructurés, les plans des compositions de Giuseppe Gonella se mêlent et ses bribes d’images floues sont comme transpercées par des traînées de couleur se juxtaposant, parfois franches et épaisses, parfois plus en retenue, comme brossées. Elles renforcent cette impression de déchirure qui viendrait séparer différentes parties d’une photographie, d’un rêve ou de souvenirs amalgamés en une seule image. Fracas chromatique, discorde iconographique, l’effet produit est dans tous les cas retentissant: une sorte d’éblouissement et une perte totale de repères, la naissance de toute une palette d’émotions à fleur de peau allant de la nostalgie à la violence, passant d’une vision idyllique de la vie à des tourments inquiétants. Mais ce collage, à la manière d’une mosaïque, ces images puissantes comme traversées par le soleil à la manière d’un vitrail ne nous en apprennent pas plus. Une certitude: nous n’en avons aucune.
© Giuseppe Gonella, The Silver Surfer, acrylic on canvas, 150 x 175 cm, 2011
© Giuseppe Gonella, No place left to hide, acrylic on canvas, polittico 150 x 200 cm ciascuna, 2012
© Giuseppe Gonella, S.t., open acrylic on canvas, 180 x 200 cm, 2012
© Giuseppe Gonella, The Silver Surfer, acrylic on canvas, 150 x 175 cm, 2011
Être nez à nez avec les œuvres de Guiseppe Gonella c’est donc être confronté à une énigme pleine d’ambiguïté dont lui seul détient la clé. Cherche-t-il à redonner vie à ses souvenirs d’enfant et d’adolescent, à restituer toutes les émotions qui le traversaient alors? Souhaite-t-il matérialiser ses visions en ce concentrant par la technique sur leurs apparences et leur esthétisme? Où crée-t-il ces scènes de toutes pièces pour non pas nous plonger dans son passé mais plutôt nous projeter dans un univers qui n’a concrètement jamais existé laissant son pinceau naviguer sur la toile, guidé par un flux d’émotions? Nous ne le savons pas. Faute de guide et d’indices, le mystère reste entier et laisse toute sa place à diverses interprétations et à l’expérience que propose ses toiles: une sorte de bain de soleil, de couleurs et d’images qui nous aveugle, nous fascine et nous inspire.
© Giuseppe Gonella, A self-made man looks at how he made it, open acrylic on canvas, 163 x 195 cm, 2012
© Giuseppe Gonella, Pluto and broken speakers, open acrylic on canvas, 140 x 165 cm, 2012
© Giuseppe Gonella, born on the sun, 150 x 200 cm, 2012
© Giuseppe Gonella, Dopo l’acqua le nuvole, acrylic on canvas, 200 x 220 cm, 2012
© Giuseppe Gonella, acrylic on paper, 35 x 50 cm
© Giuseppe Gonella, Icd 10, acrylic on canvas, 168 x 126, 2011
© Giuseppe Gonella, MESH D013985, acrylic on canvas, 125 x 160 cm, 2011
© Giuseppe Gonella, O11, acrylic on paper, 70 x 100cm, 2011
© Giuseppe Gonella, Sie, Open Acrylic on canvas, 50 x 70, 2013
© Giuseppe Gonella, The paradoz, Acrylic on canvas, 150 x 350cm, 2011
© Giuseppe Gonella, Untitled, acrylic on canvas, 200 x 150cm, 2012
© Giuseppe Gonella, why you are here and not some were else?, open acrylic on canvas 100 x 120 cm, 2013
© Giuseppe Gonella, you can t get there from here, acrylic on canvas 168 x 140 cm 2011
© Giuseppe Gonella, Gone, acrylic on canvas, 200 x 200 cm, 2010
Contempler les œuvres de Guiseppe Gonella, ce n’est donc pas seulement se plonger dans les souvenirs ou les visions de cet artiste et essayer de voir ce qu’il voit, c’est aussi plonger dans vos propres souvenirs. Ses puzzles d’instants fragiles et innocents vous rappelleront peut-être votre enfance, vos vacances, cette première fois où vous avez vu la mer ou cet instant où vous avez scruté le corps imparfait des baigneurs. Ils vous rappelleront peut-être votre premier flirt à l’abri du regard de vos parents ou ce moment où vous avez surpris une scène que vous n’auriez pas du voir… ou d’autres moments encore. Des moments artistiques peut-être également tant dans les œuvres de Guiseppe Gonella se reflètent d’autres œuvres telles que le « couple » enlacé de Cecily Brown, les garçons au corps parfait de Norbert Bisky ou encore les explosions de couleurs de Kristin Baker… pour ne citer qu’eux.
En créant ses œuvres, Guiseppe Gonella nous ouvre donc une fenêtre sur sa vie, son esprit mais également sur notre vie et notre inconscient en nous offrant à la fois une expérience euphorisante et violente de la couleur, et une réflexion sur nous-même, apaisante ou plus agitée.