François Réau puise son inspiration dans ses expériences de paysage. Il expérimente les multiples possibilités qu’offre le dessin. Son travail à la mine de plomb s’apparente à de la gravure. La nature semble à la limite d’apparaître et de disparaître. Le paysage véhicule pour lui des notions plus universelles, le cycle des saisons, la renaissance. Au delà, il permet d’évoquer notre humanité et la relation de l’individu à l’espace.
La lumière participe de cette réflexion sur le temps. François Réau utilise la mine de plomb pour laisser la lumière se refléter dans le dessin. Le spectateur est alors incité à se déplacer. Des vides laissent imaginer la nature qui se transforme sous l’effet d’un possible phénomène physique.
L’artiste cherche à dépasser les limites du dessin. Il conçoit des installations, telle une continuité de ce médium. Les objets qui l’accompagnent sont choisis pour leur force symbolique et pour leur forme. Il crée ainsi une expérience immersive pour le spectateur.
Son dessin de grand format, « Eclipse », réalisé pour l’exposition « Être au monde » du collectif Rémanence au Loft 19 de Suzanne Tarasiève, présente une forêt. À travers le foisonnement de végétaux, des zones blanches, permettent une respiration et l’émergence d’éclats lumineux. Celles-ci suggèrent la fragilité de la nature. Au sol, du bois, des pièces métalliques teintées de rouille, composent une installation. Ces éléments glanés sont marqués par le temps. S’ils font écho à l’enchevêtrement des éléments naturels dans le dessin, leur agencement structurait l’espace.
Coup de cœur du salon DDessin 2016, il propose une nouvelle installation, un memento mori, où il met en relation deux dessins de très grand format et des fils à plomb. Un dessin présente une forme organique qui suggère aussi bien un nuage ou un autre phénomène naturel. Une œuvre abstraite y fait contrepoint: une surface recouverte d’une trame d’un gris graphite est marquée de petites incisions. Celles-ci peuvent évoquer des gouttes d’eau, la dissolution du nuage. On perçoit dans ce dessin des strates, traces du temps passé à remplir la feuille. Les fils à plomb, renvoient eux à la fois à l’histoire du dessin et à la loi de la gravité. Ils ajoutent une stabilité, un équilibre à l’ensemble. Un cycle temporel peut alors se lire entre ces pièces.
Les œuvres de François Réau associent abstraction et figuration, mouvement et stabilité, apparition et disparition. Elles expriment aussi bien l’idée d’une trace d’un souvenir que son effacement.