Francesco Frizzera, aka Francis Flower, est un jeune artiste qui vit à Rovereto, près de Trento, au Nord de l’Italie. Cet amoureux de la nature parcourt les montagnes pour capturer les grands espaces, ses amis et la liberté loin des villes. Détestant cet environnement montagneux et isolé dans lequel il est né, a grandi et évolué étant plus jeune, Francis Flower en a fait aujourd’hui sa principale source d’inspiration. Entretien avec cet artiste glorificateur de la nature qui l’entoure.
B!B!: Pourquoi utilisez-vous le pseudonyme « Francis Flower »? Est-ce un surnom qui vous a été donné par vos proches?
Francis Flower: Mon surnom «Francis Flower » m’a été donné par mon oncle il y a quelques années. Tout a commencé par cette question: Sous quel prénom aurais-tu aimé être connu en supposant que tu aies été américain? « Francis », ai-je répondu. Il a ensuite dessiné un point pour désigner ce nom, entouré par plusieurs points. Il m’a ensuite dit que j’étais le point central et les autres autour représentaient mes buts dans la vie. Il peut y avoir des centaines de buts: avoir une petite amie, un bon travail, un diplôme et ainsi de suite. À partir du point central, il a tracé une ligne en forme d’arc qui reliait les deux points, puis a tracé le chemin inverse: la première ligne représente le chemin entre vous et vos objectifs, et la seconde représente le chemin du retour par lequel vous devez passer avant d’arriver à la prochaine réalisation. Par ces lignes, mon « chemin » avait la forme d’un pétale, c’est de là que vient mon surnom. Personnellement, j’espère que ma « Flower » sera entièrement épanouie une fois que je serai vieux, ce sera certainement un rêve devenu réalité. Ceci est une des plus grandes vérités dans la vie, nous sommes ce que nous faisons, et une fois que vous parvenez à réaliser vos rêves, vous pouvez dire que vous avez vécu plutôt que d’avoir exister.
B!B!: Comment êtes-vous parvenu à la photographie et quel est votre parcours artistique?
Francis Flower: Dans mon enfance, je ne me sentais pas en sécurité. Je me sentais différent des autres gars de mon âge. C’est pour cette raison que je n’avais personne avec qui partager mes passions. J’ai commencé par me prendre en photo moi-même, afin de me démarquer de la masse. Les premières photos prises de moi-même étaient uniquement des portraits, parce que je voulais vraiment montrer à quoi je ressemblais. Pour être honnête, le résultat était assez surprenant; ce que je voyais, c’était un jeune garçon très malheureux, je suis vraiment choqué que ma douleur n’ait pas été remarquée. Quant à mon expérience en tant qu’artiste, je dois dire que je n’ai pas vraiment vécu ce que beaucoup de gens pensent. Pour le moment, je suis toujours en train de travailler sur ce qu’il faut faire pour obtenir un diplôme. Ceci peut être expliqué par mon expérience au lycée, car il n’était pas vraiment en mesure de me donner de bonnes instructions. En fait, je finissais toujours par étudier de mon côté. Tout compte fait, je peux dire que ce qui m’a vraiment poussé était mon immense besoin de me sentir compris et, plus important encore, de me comprendre.
B!B!: Quelles sont vos influences?
Francis Flower: Hayao Miyazaki m’a donné tout ce dont j’avais besoin en tant que personne, et en tant qu’artiste également. Il est une sorte de magicien, l’un des rares artistes capable de me transporter, peut-être parce qu’il me rappelle les valeurs auxquelles je crois. En général, j’essaie d’absorber au maximum de tous les artistes qui me captivent. Parmi eux, il y a Henri Matisse, Théodore Géricault, Vincent Van Gogh et Paul Cézanne. Il y a également toute une liste d’écrivains, comme Giovanni Pascoli, Eugenio Montale et Italo Svevo. Les peintres m’ont appris à faire ce que je fais, et les écrivains me rappellent pourquoi je fais ça. Sinon, les photographes que je suis actuellement sont William James Broadhurst, Mike Brodie et Théo Gosselin.
B!B!: Un jour, vous avez décidé de vous perdre dans les montagnes italiennes – votre Amérique à vous – pour prendre des photos. Parlez-moi de votre relation avec la nature.
Francis Flower: En ce qui concerne l’environnement dans lequel je prends mes photos, je tiens à exprimer ma gratitude à la nature qui a eu la gentillesse de nous donner les montagnes, les arbres, les rivières, les lacs et les magnifiques couchers de soleil. Et mon environnement, étant né et ayant grandi dans les montagnes, fait que je n’ai pas eu d’envie et pas plus d’intérêt pour la ville. J’aime être dans la nature. Remplir mon âme. La nature est un médicament pour moi. J’aime être à l’air libre et ai toujours été habitué, depuis mon enfance, à être logé dans des situations où les installations étaient inexistantes. Je crois que les réponses aux questions les plus profondes se trouvent dans des situations où vous vous sentez seul face au monde entier. Lorsque je m’assois au beau milieu d’un bois pour lire ou écrire, cela aide mon âme à trouver l’équilibre et à comprendre les problèmes, les désirs, les limites, les vertus, les valeurs, les craintes et tout ce qui fait la vie. XX
B!B!: Comment votre travail a-t-il évolué dans le temps et comment le décririez-vous?
Francis Flower: À 17 ans, l’insécurité faisait partie intégrante de moi. J’ai réellement commencé à me montrer à travers la photographie, montrant une vie qui n’était pas seulement la mienne. Mon attitude pouvait être perçue elle-même à travers mes techniques, les couleurs des images étaient beaucoup plus fortes et tout semblait incroyablement surréaliste. Cependant, après avoir traversé le pire, je me suis réveillé suite à un cauchemar et ai réalisé que j’avais tout ce dont j’avais besoin pour être heureux. J’ai compris que ma vie était incroyable, non pas parce qu’elle est ma vie, mais parce que la vie elle-même est un don de Dieu, et c’est à nous de savoir comment la vivre. Tant que je me donne la grande chance de partager mes pensées et mes cigarettes avec mes amis, tout va bien! Cette prise de conscience m’a encouragé à montrer aux gens que la chance d’être heureux est juste en face de nous, nous avons juste à affronter la vie avec de grands yeux et le cœur ouvert. Quant à mon style de photographie à proprement parler, je réfléchis à une évolution personnelle en centralisant le sujet et la création sur un contraste chromatique afin de souligner les émotions et les faire ressortir. Aujourd’hui, je sens que je suis capable de capturer des instants solennels et de devenir une partie du monde que je décris et photographie.
B!B!: Avez-vous des idées précises de ce que vous souhaitez capturer avant de partir prendre des photographies?
Francis Flower: Chaque image est totalement improvisée. Je ne fais à aucun moment de plans. La principale chose que je vise en tant qu’artiste est d’exprimer un sentiment d’une façon simple dans l’image, la photographie nous apprend à profiter de la solitude et d’en finir avec tout le stress. C’est un art qui vous touche profondément intérieurement.
B!B!: Vos photographies capturent les grands espaces, la liberté et la jeunesse. Parlez-moi de vos choix esthétiques.
Francis Flower : Les grands espaces ouverts, la liberté et la jeunesse ne sont pas vraiment des choix que j’ai faits. Je vis dans une petite ville dans la partie Nord de l’Italie, appelée Rovereto. Dans ce lieu, il n’y a pas de discothèques ou de grand évènement auxquels on peut se rendre. Nous sommes entourés par les montagnes et, lorsque l’on a du temps libre, il est susceptible de se passer dans la nature. Si j’avais vécu à New York, je n’aurais jamais regardé ces lieux. Je pense c’est ça la chose brillante dans l’appartenance à différents endroits; tout le monde a sa propre histoire à raconter. La principale chose qui me caractérise vraiment, peu importe où je vis, c’est de photographier les gens, dos tourné, car je veux que mes fans m’identifient grâce au sujet de l’image. Pour que vous compreniez mieux, je vais vous donner un exemple plus clair, réfléchissons sur le travail de Théo Gosselin. Quand je regarde ses photos, je suis un peu jaloux. Je souhaite être lui, ou l’un de ses amis. Pour moi, au contraire, s’il n’y a pas de visage dans l’image, il m’est plus facile d’imaginer un moment. Cela peut sembler fou, mais je suis fermement convaincu de ça. Ce que je vise n’est pas de faire des envieux de ma vie mais, au contraire, de leur montrer qu’il est facile d’aimer comme je le fais. Tant que vous avez un couple de bons amis et une certaine curiosité, vous êtes prêt à foncer ! Et je vais vous dire quelque chose: prenez quelqu’un que vous aimez et allez vous asseoir sur le bord d’une falaise pour voir le plus beau coucher de soleil de votre vie!
B!B!: Parlez-moi de votre traitement photographique d’après shooting. Il donne un côté irréel à vos photographies.
Francis Flower: Le processus d’après shooting a toujours été destiné à représenter ce que mes yeux ont vu lorsque j’ai pris les photos. Cela n’est pas arrivé depuis très longtemps, puisqu’au cours des deux derniers mois, j’ai pris des photos avec des appareils photos argentiques parce que je veux être plus vrai. Je veux changer de point de vue.
B!B!: Quels sont vos futurs projets?
Francis Flower: Je souhaite me concentrer pour trouver une bonne base sur laquelle je peux construire ma vie tout en continuant à suivre mon rêve, celui de devenir un bon directeur de la photographie. Peut-être que je vais me tourner vers l’Allemagne, les académies de cinéma et de photographie y sont très bonnes. L’année prochaine, en été, je voudrais aller seul et trouver un emploi dans le monde du cinéma aux Etats-Unis. Je rêve de pouvoir voir mes photos bouger.