C’est un peu l’autre buzz du moment. Pendant qu’on nous incite à se fier à nos peurs et qu’on nous annonce désastre sur désastre, certains s’amusent. Ce n’est pas qu’ils en ont plus les moyens que nous, ni qu’ils sont forcément beaucoup plus doués de leurs dix doigts. C’est simplement qu’ils en ont envie et qu’ils font ce qu’ils ont envie de faire, avec les moyens du bord.
Florian Rivière est l’un de ceux-là, se décrivant comme urbain hacktiviste (un composé des mots hacker et activiste, vous l’aurez compris), ce strasbourgeois réinvestit l’espace urbain de manière à offrir d’autres possibles. À l’image de la culture des flibustiers du web, Florian Rivière détourne les objets de leur utilisation première, les pirate et propose une vision ludique et poétique du vivre-ensemble. Là où une barre de bois vient scinder la surface d’un banc public de façon à en rendre pour le moins inconfortable l’utilisation en position allongée, Florian Rivière découpe une palette de bois qu’il coince à l’aide de ce dispositif pour transformer le banc en sorte de méridienne publique. Là où le parking d’une grande surface se reconnaît à ses marques rationnelles au sol, Florian Rivière, équipé d’un rouleau de scotch, transforme les marquages en terrain de sport collectif.
Florian Rivière, Terrain de basket poubelle, Spielplatz, Strasbourg, février 2011
Florian Rivière, Terrain de basket poubelle 1, Spielplatz, Strasbourg, février 2011 © Florian Rivière
Florian Rivière, Marelle – Dalles, Spielplatz, février 2011 © Florian Rivière
Florian Rivière, Labyrinthe – Dalles, Spielplatz, février 2011 © Florian Rivière
Tout dans l’espace public devient ainsi prétexte au jeu et au rire. Inspirés de la philosophie du DIY (« Do It Yourself » / « Faites-le vous-mêmes »), les interventions de Florian Rivière dénoncent, avec une déconcertante simplicité, l’impersonnalité du lieu public. Armé de gaffer, de caddies et de palettes, il semble que l’essence du travail de l’artiste se trouve principalement dans son état d’esprit: dénoncer sans violenter, déplacer sans détruire, faire sourire avant tout.
Quand Florian Rivière décrit la suite d’installations » Spielplatz » (de l’allemand: » cour de récréation « ) faites en février 2011 à Strasbourg, il insiste bien sur cette notion de jeu:
» Spielplatz est une proposition de transformation de l’espace public et ses aménagements en terrain jeu. Au programme: marelle, basket, saut en hauteur, cible, course, parcours de saut, labyrinthe. Les installations suggèrent une alternative des usages de la ville. Ces aménagements ludiques sont adaptés au mobilier urbain (poubelles, dalles pavés, plaque d’égout, arrêt de tram, escalier…) et permettent l’occupation des temps d’attentes, no man’s land d’actions et interstices de vie quotidienne. Mobilier urbain + adhésif + pochoirs à l’aérosol « .
Florian Rivière, Hockey, Don’t pay, play, caddies + tape + parking, photo Julie Roth, Strasbourg Août 2011 © Florian Rivière
Florian Rivière, Basketball, Don’t pay, play, caddies + tape + parking, photo Julie Roth, Strasbourg Août 2011 © Florian Rivière
Florian Rivière, Volley-Ball, Don’t pay, play, caddies + tape + parking, photo Julie Roth, Strasbourg Août 2011 © Florian Rivière
Et parce que ce travail est aussi un travail d’échange et de partage, Florian Rivière a fondé le collectif Démocratie Créative, rassemblant des artistes aux démarches similaires.