Felipe Alonso, avec ses céramiques, ses dessins et peintures reste sur les traces de l’être. Il traque son mystère par morceau jusqu’à le faire ressembler à un monstre à travers des sensations et émotions. Contre la nuit de l’être, Felipe Alonso ne propose pas forcément la lumière. Le corps s’hybride, son étendue progresse.
Des lèvres sont entrouvertes mais ne laissent le passage qu’à des éléments pressants et à priori superfétatoires qui donnent à la figuration une sorte d’abîme. Tractions et poussées créent des nudités violentes.
Surgit paradoxalement par le brouillage une forme d’évidence. Felipe Alonso casse la maîtrise qu’il possède totalement avec acharnement en vue d’un absolu inédit. Détruisant sa facilité l’artiste crée un univers que Francisco de Goya aurait apprécié. Chaque forme est aussi retournée que tendue et cruelle.
Le partage ne se fait plus entre l’ombre et la lumière. Chaque pièce devient un piège. Au-delà de l’image surgit l’appel au mouvement dans le creux des formes ou sur leurs pointes. Là une main brûle, ici un morceau de corps traverse l’image, la pénètre.
La muse de la beauté est renversée par celle de l’horreur. Fini le théâtre spiritualisant. Le langage n’hésite pas à caresser un présumé scandale. Il ne renonce pas à l’épreuve, au sacrifice dans les fragments du labyrinthe. Il se construit pour ouvrir toutefois autant d’aubes que de crépuscules.