Emma Bourgin a découvert les multiples possibilités que lui offre la cire d’abeille. Telle une alchimiste, ce matériau est devenu pour elle comme sa seconde peau, qu’elle modèle pour des expériences toujours plus grandes, à différentes échelles. L’espace, son architecture la guide pour concevoir ses œuvres. Celles-ci naissent de situations, de découvertes lors de l’exploration d’un lieu. Elles font surgir des traces ou amènent une seconde couche d’histoire. Telles des greffes, ces travaux invitent à imaginer combien la cire peut être source de transformation, de métamorphose, d’envahissement, voire de trouble. De même les voyages nourrissent les créations de cette artiste.
Les œuvres d’Emma Bourgin relèvent d’une tension entre la force et la fragilité, la dureté et la douceur, l’objet de défense et l’outil de réparation. Certaines sont des compositions, assemblages en équilibre de deux matériaux, la pierre et la cire. Elles sollicitent l’envie de toucher et de saisir de quelle manière ils tiennent ensemble. Elles évoquent également une relation au temps de la métamorphose de la matière. Une forme d’archéologie se lit dans l’ensemble de ses pièces.
La cire appelle à des sensations et son odeur fait resurgir des souvenirs. Emma Bourgin développe également des expériences de sensation et de rencontre avec le paysage. Certaines œuvres font songer à des expériences vécues, à des traversées, à une relation sensible à la nature. D’autres, de petits formats, relèvent d’une attention aux objets du quotidien, à des moments d’intimité. Celles-ci, petites constructions, convoquent le sens du toucher et suggèrent des réparations d’objets avec lesquels éprouver une connaissance de soi et de son corps. D’ailleurs, Emma Bourgin s’intéresse aux origines des mots, des matières et de leur provenance. Ses titres font songer à des gestes et à des expérimentations.
À l’occasion de son exposition à la Galerie du Haut Pavé, l’artiste s’est emparée de l’architecture pour créer des œuvres qui racontent une histoire et symbolisent un phénomène physique. Une fenêtre de la galerie est support pour une sculpture d’où elle fait rentrer le soleil. Emma Bourgin vient jusqu’à concevoir ses propres supports pour ses plus petites œuvres. Ce qui lui permet de tester d’autant plus un travail sur les relations entre les matériaux. Ainsi, ces créations renvoient chacune à un temps de rencontre avec un lieu et à un moment de sensibilité profonde de son corps avec la matière.