Damon Loble renvoie le corps féminin à son mystère en lui donnant paradoxalement le devant de la scène. Adviennent sa poignante simplicité et sa volupté enjouée. Les myriades de couleurs créent une partition en propre et des courants alternatifs relient le regard aux portraits.
De telles femmes n’attendent personne. Pas question qu’elles se laissent faire par ceux qui voudraient leur ouvrir le cœur et leur faire la peau. Elles ne leur donnent pas la clé de leur bain et de leurs îles perdues. Indifférentes elles concoctent via Damon Loble des rêves trop beaux pour être vrais. Mais tout voyeur est prêt à croire que l’improbable advient avec la poignante simplicité des femmes: de leurs hanches fines, de leur poitrine ou de leur ventre coulent des myriades d’images. Restent aussi les longues partitions des allées de leurs jambes. D’invisibles courants les relient. Mais tout demeure caché – ou presque.
Damon Loble saisit des fragments de corps et souligne l’éveil qu’ils suscitent là où le nacre creuse une profonde entaille dans la nuit pour la célébration d’arabesques. Le photographe est ainsi un créateur subtil et un rien ironique quant au « regard » qu’il porte au voyeur. Ses images entre épures et des anacoluthes mènent vers une insondable profondeur. L’artiste recrée la nudité par effet de bains quasi amniotiques parfois. Le décalage des effets de surface empêche de réduire les formes à leurs apparences et le langage plastique à une monnaie de singe là où la photographie devient une histoire d’amour qui ne s’écrit pas. Sa chanson est bien douce.