À la suite d’un Daidō Moriyama, le jeune photographe Daisuke Yokota interroge et transforme l’image par la « matière » même de son medium. Se crée une attraction immobile et  fascinante dans laquelle l’érotisme lui-même devient diaphane. Par la poésie de ses images en noir et blanc et parfois en couleur, l’artiste incarne une synthèse de bien des libertés stylistiques. Photographe minimaliste, l’artiste ne cesse de manipuler son immense corpus de prises  de vue en provoquant des sortes d’ « accidents » volontaires lors de la numérisation, du développement comme du tirage de ses travaux.

Loin de tout exotisme ou pittoresque, Daisuke Yokota revient à la chair du langage photographique. Il ne sacrifie jamais à la nostalgie ou au folklore et rapatrie vers un Eden à la fois artistique et  terrestre. L’humain demeure central. Il porte les marques d’amours, de  blessures et de joies. Le tout avec parfois une pointe subtile d’humour. Dans certains portraits émane une légèreté présumée. Mais c’est surtout pour l’artiste une manière d’exonérer la gravité de sa donne. Le caractère primesautier n’est qu’une impression de surface. Cela ouvre le monde à une profondeur particulière.

Daisuke Yokota, backyard
© Daisuke Yokota, série: Backyard
Daisuke Yokota, backyard
© Daisuke Yokota, série: Backyard
Daisuke Yokota, backyard
© Daisuke Yokota, série: Backyard
Daisuke Yokota, backyard
© Daisuke Yokota, série: Backyard
Daisuke Yokota, nocturnes
© Daisuke Yokota, série: Nocturnes
Daisuke Yokota, nocturnes
© Daisuke Yokota, série: Nocturnes
Daisuke Yokota, nocturnes
© Daisuke Yokota, série: Nocturnes
Daisuke Yokota, nocturnes
© Daisuke Yokota, série: Nocturnes

Mais en aucun cas Daisuke Yokota réduit la photographie à de petits traités d’archéologie du fugace. À la tentation du raffiné, il préfère l’épure du langage photographique. Il ramène dans l’ici-bas de notre inconscient où s’ébrouent les multiples avatars de nos désirs et de leur revers. Chaque photographie semble surgir de la pénombre afin de toucher quelque chose de fondamental. L’être s’y découvre en une image primitive et sourde, en une « chair » plate, blanche, noire et ses dégradés de gris et de grisant.

L’absence elle-même est donnée comme présence absolue. Daisuke Yokota en tire les conséquences et en fait un cheminement sans but, une incertitude de chemin, une succession de chutes imprévues en diverses errances afin que l’image ne soit pas simulacre, relique ou écran mais objet de connaissance.

Daisuke Yokota, site cloud
© Daisuke Yokota, série: Site/Cloud
Daisuke Yokota, site cloud
© Daisuke Yokota, série: Site/Cloud
Daisuke Yokota, site cloud
© Daisuke Yokota, série: Site/Cloud
Daisuke Yokota, site cloud
© Daisuke Yokota, série: Site/Cloud

À ce niveau la photographie ne se quitte pas: elle enchante même si elle ne sauve pas. On doit parcourir son labyrinthe dans toute sa surface et ses moindres recoins pour essayer non de s’en sortir mais d’estimer de quoi nous sommes « faits ». La solitude est toujours là. Mais l’extase n’est pas très loin non plus. Puisque de chaque prise quelqu’un en sort sans dire qui ni comment, mais il y a soudain des êtres qui sortent de la sphère du document afin d’entrer dans la poésie pure.

Daisuke Yokota, they
© Daisuke Yokota, série: They
Daisuke Yokota, they
© Daisuke Yokota, série: They
Daisuke Yokota, they
© Daisuke Yokota, série: They
Daisuke Yokota, they
© Daisuke Yokota, série: They
Daisuke Yokota, they
© Daisuke Yokota, série: They