Il était du côté des oubliés Giovanni Battista Cima de Conegliano. En lui consacrant une exposition, le Musée du Luxembourg répare cette injustice. Florence, Rome, les premiers noms qui viennent à l’esprit lorsqu’on parle de La Renaissance. Et Venise? Justement la Sérénissime va marquer sa différence avec des artistes comme Cima. Une différence de fond tout d’abord. Académisme, néoplatonisme ou encore paganisme, influencent à une moindre grande échelle Venise, marquée par le christianisme, que Florence et Rome. Et une différence de style. Romains et florentins privilégient le dessin. Les vénitiens affectionnent surtout les jeux de couleurs et la lumière qui baignent les paysages champêtres et illuminent les sujets religieux. Et si les noms de Bellini et Giorgione évoquent quelque chose pour certains, pour beaucoup celui de Cima reste un inconnu.

C’est que la vie du peintre est entourée d’un halo de mystère. On pense qu’il serait né en 1459 et mort en 1517. Pas de maîtres ni de formations connus, à l’exception de Bellini dont l’influence est grande. Il est donc impossible de remonter à la genèse de l’œuvre d’un des maîtres les plus reconnus et les plus appréciés de son temps. Seul son génie est à découvrir ou à redécouvrir. « Aucun maître de son temps n’a su rendre comme lui l’atmosphère argentée, légère et enveloppante qui baigne le paysage italien » disait Bernard Berenson (1919). Réalité orchestrée de façon limpide, ligne nette qui délimite la couleur. Une technique hautement raffinée qui porte le coloris a un degré d’intensité et de pureté tel que la sensualité et le velouté de la carnation semblent palpables. Cima, c’est aussi la faculté de représenter l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus noble, mélancolique et sincère. Son Saint Sébastien offre la synthèse de son art. Pureté des volumes, raffinement des surfaces et des tonalités chromatiques et sérénité. Cima, fidèle à l’humanisme vénitien, « invente l’homme idéal qui soumet l’espace à sa mesure.« 

Saint Sébastien, Cima, 1500-1502, Musée des Beaux-Arts de StrasbourgSaint Sébastien, Cima, 1500-1502, Musée des Beaux-Arts de Strasbourg ©
La Vierge et l'Enfant entre Saint Jean-Baptiste et Saint François, Cima, Avignon, Musée du Petit PalaisLa Vierge et l’Enfant entre Saint Jean-Baptiste et Saint François, Cima, Avignon, Musée du Petit Palais ©
Saint Lanfranc de Pavie entre Saint Jean le Baptiste et Libérius, Cima, Cambridge, Fitzwilliam MuseumSaint Lanfranc de Pavie entre Saint Jean le Baptiste et Libérius, Cima, Cambridge © Fitzwilliam Museum
L'archange Raphaël avec Tobie et deux saints, Cima, Eglise Santa Maria de la MiséricordeL’archange Raphaël avec Tobie et deux saints, Cima, Eglise Santa Maria de la Miséricorde ©
Vierge à l'Enfant avec saint Michel et saint André, Cima, Archives Alinari, Florence, Dist. RMN / Georges Tatge Vierge à l’Enfant avec saint Michel et saint André, Cima, Archives Alinari, Florence, Dist. RMN / Georges Tatge ©
La Vierge et l'Enfant entre Jean-Baptiste et sainte Marie-Madeleine, Cima, RMN (Musée du Louvre) / Thierry Le MageLa Vierge et l’Enfant entre Jean-Baptiste et sainte Marie-Madeleine, Cima, RMN (Musée du Louvre) / Thierry Le Mage ©
Vierge à l'Enfant, vers 1490-1493, Florence, Cima, Archives Alinari, Florence, Dist. RMN / Daniela Camilli Vierge à l’Enfant, vers 1490-1493, Florence, Cima, Archives Alinari, Florence, Dist. RMN / Daniela Camilli ©

L’exposition Cima da Conegliano, maître de la Renaissance vénitienne est présentée jusqu’au 15 juillet 2012 au Musée du Luxembourg.

Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 Paris
Tél. : 01 40 13 62 00