Alison Bignon par inclusions, intersections des assemblages crée des suites de mises en évidence en un ordre où réel et imaginaire se côtoient et s’entrecroisent. Des fragments agencés surgit une conjugaison la moins prévisible, la plus incertaine mais la plus probante aussi et qui n’est jamais dénuée d’humour. La peinture ouvre par la figuration à des lieux méconnus et décalés. De ces mises en « scène » se déclinent et se dégagent des traces par la présence effective des corps.
Par des gestes apparemment élémentaires, l’artiste ramène à l’essentiel pour laisser à celui ou celle qui contemple les oeuvres un champ ouvert à sa liberté d’errer. Alison Bignon mêle la sophistication poétique au minimalisme, la discrétion à la hardiesse des entrelacs, des formes et de quelques couleurs. Jamais de faux-semblants, de faux-fuyants, de pirouettes mais un jeu subtile d’élévation afin de donner vie à l’impalpable en un jeu d’espacement et de mouvement où jaillissent des images légères et sourdes, aériennes et telluriques.
La jeune artiste produit de l’inconscient par delà les simples productions de fantasmes ou de souvenirs. Dans chaque œuvre à la blancheur immaculée, les fragments déposés emportent dans un tourbillon de rêves où chaque pensée reste brûlure. Le monde se perd en dérive chorégraphique. Sur la blancheur du support, gaufrages, lavis, encres ouvrent à une liberté par une technique parfaite.
L’émotion semble intacte dans la délicatesse d’un tel travail. Tout y est en suspens, en vertige, afin de prouver que chaque sensation est complexe. Des ferments mystérieux de relations à soi et au monde sont présents. Dessins et gravures proposent le plaisir de songes entre l’immense et l’intime, le ferme et le fluctuant, le furtif et l’évident. Tout devient frontières et dentelles fragiles là où l’éros est présent mais en discrétion.