Artiste israélien à la fois performeur, danseur et plasticien, Yochai Matos exprime par la multiplicité de ses disciplines la richesse de son art. Son travail plastique est essentiellement accès sur l’appropriation des œuvres par le public. Constatant que les individus se prennent facilement en photo dans l’espace public devant des monuments ou des œuvres, il a voulu développer ce lien particulier dans son travail en le proposant dans la rue mais aussi dans des lieux d’expositions conventionnels. Il a ainsi développé une partie de ses expérimentations sur le concept du « do it yourself »: les spectateurs devenant acteurs des œuvres en se prenant en photo eux-mêmes avec elles.

On retrouve ce procédé dans son œuvre « People with wings » où l’artiste a simplement peint des ailes bleues sur le mur d’un bâtiment, laissant le soin au public de se mettre en scène avec son travail, chaque individu laissant libre cours à son imagination et à la manière dont il veut se représenter. Le  travail de cet artiste ne laisse pas indifférent tant il fait écho à notre inconscient collectif par la réutilisation d’image familières comme un coucher de soleil, une licorne ou encore un cœur, à l’image de « I love Rotschild » réalisée et exposée dans l’espace public à Tel Aviv en 2004. Cette œuvre de 130x170cm en céramique apparait de manière impromptu dans le quotidien d’individu qui vivent chaque jour des conflits meurtriers délivrant, à son échelle, un message d’espoir et de paix.

Yochai Matos, People With Wings
Yochai Matos, People With Wings ©
Yochai Matos, People With Wings
Yochai Matos, People With Wings ©
Yochai Matos, People With Wings
Yochai Matos, People With Wings ©
Yochai Matos, People With Wings
Yochai Matos, People With Wings ©
Yochai Matos, People With Wings
Yochai Matos, People With Wings ©
Yochai Matos, I Love Rothschild
Yochai Matos, I Love Rothschild, Ceramic tile, 130 X 170 cm, 2004, Rothschild street, Tel Aviv ©

L’art de Yochai Matos est résolument « lumineux » autant par ses symboliques que par les médiums utilisés: le néon étant son outil de prédilection.

« Les choses sont simples, on fait avec ce que l’on a, je n’invente rien. Et je n’oublie pas que la première source de lumière, c’est le soleil, qui est source de joie, concrètement. La lumière, c’est la vie ; le soleil nous rend heureux, et c’est gratuit. J’ai la passion de la lumière, et je donne beaucoup d’amour à travers cette passion. »

Il utilise ainsi la lumière comme un élément indispensable pour le sens de l’œuvre, faisant référence à la religion en créant un halo, ou encore, en proposant une distinction entre le commun (dans l’ombre) et l’exceptionnel (dans la lumière). Ceci peut éventuellement faire penser à Walter Benjamin et sa question de l’aura de l’œuvre d’art: la lumière apparaissant dans le travail de Yochai Matos comme un des éléments constitutif de celle-ci.

Son œuvre « You’re a Saint » semble intéressante dans la synthèse de ces éléments. Elle est constituée de néons disposés en éventail, le spectateur peut y prendre place en son centre afin d’y être photographié. Ce travail rappelle toute l’iconographie religieuse développée pendant des siècles dans l’histoire de l’art. Ici, la frontière entre l’œuvre et le spectateur est brouillée: celui-ci devient l’œuvre d’art, le travail de l’artiste n’ayant pas de sens sans lui. Ceci peut faire référence aux quinze minutes de gloire d’Andy Warhol, mais Yochai Matos, lui,  nous propose notre quart d’heure de sainteté!

Yochai Matos, You're a Saint
Yochai Matos, You’re a Saint, Fluorescent light installation, 2011, 185 x 270 cm ©
Yochai Matos, You're a Saint
Yochai Matos, You’re a Saint, Fluorescent light installation, 2011, 185 x 270 cm ©
Yochai Matos, You're a Saint
Yochai Matos, You’re a Saint, Fluorescent light installation, 2011, 185 x 270 cm ©
Yochai Matos, You're a Saint, Fluorescent light installation
Yochai Matos, You’re a Saint, Fluorescent light installation, 2011, 185 x 270 cm ©
Yochai Matos, You're a Saint, Fluorescent light installation
Yochai Matos, You’re a Saint, Fluorescent light installation, 2011, 185 x 270 cm ©
Yochai Matos, You're a Saint, Fluorescent light installation
Yochai Matos, You’re a Saint, Fluorescent light installation, 2011, 185 x 270 cm ©

Ce rapport entre art et religion semble être un motif récurrent dans le travail de Yochai Matos, notamment dans son lien entre Dieu et l’Homme. Ceci est manifeste dans son œuvre « Coming down in Ecstasy » , oùil représente des néons qui semblent descendre du ciel faisant référence à l’iconographie liée à la représentation de la divinité qui se manifeste sur la Terre. Le spectateur confronté à cette œuvre peut se sentir comme un élu ou un pécheur.

Yochai Matos, Coming Down in Ecstasy
Yochai Matos, Coming Down in Ecstasy, Light installation, 2010, 900 x 650 cm ©
Yochai Matos, Coming Down in Ecstasy
Yochai Matos, Coming Down in Ecstasy, Light installation, 2010, 900 x 650 cm ©
Yochai Matos, Coming Down in Ecstasy
Yochai Matos, Coming Down in Ecstasy, Light installation, 2010, 900 x 650 cm ©

Outre le caractère lumineux, attrayant et accessible à tous de ces œuvres, on peut y distinguer en filigrane un regard pertinent sur notre société actuelle: une société où les repères sont brouillés entre l’ombre et la lumière. Une de ses œuvres intitulée « I’m not gonna live forever » semble questionner la célébrité et le rapport que l’on peut avoir avec elle. En néon, on retrouve le logo très connu du film « Fame », comme s’il avait été peint sur un store et que la peinture coulait. Ceci soulignant le caractère éphémère et aléatoire de la célébrité, mais rappelant aussi la temporalité de l’œuvre et de l’artiste.

Yochai Matos, I'M Not Gonna Live Forever
Yochai Matos, I’m Not Gonna Live Forever, Light installation, 2009, 120 x 200 cm ©

Yochai Matos joue avec le caractère universel de l’art, créant un lien indubitable avec la religion: appartenant à tous et ayant aussi un lien étroit avec ce qui se rapporte à l’intime. Par la réappropriation de l’œuvre par les individus, son sens échappe totalement à l’artiste, créant ainsi une réelle connexion entre l’art et le public. Ce procédé confère à l’œuvre  une richesse insoupçonnée: celle de la somme de nos individualités.

Yochai Matos, Flame (Gate), Light installation
Yochai Matos, Flame (Gate), Light installation, 2009, 850 x 530 cm © photo: Lovis Ostenrik
Yochai Matos, Flame (Gate), Light installation
Yochai Matos, Flame (Gate), Light installation, 2009, 850 x 530 cm © photo: Lovis Ostenrik
Yochai Matos, The Same Amount of Sunlight as We Receive on Earth
Yochai Matos, The Same Amount of Sunlight as We Receive on Earth, Light installation, 2010, 200 x 200 cm ©