Xavier Jallais, artiste peintre né en 1971, vit et travaille aujourd’hui à Chauvigny dans la Vienne. Exerçant la profession de conservateur-restaurateur de peintures, l’artiste travaille régulièrement sur d’antiques chef-d’œuvres et semble y puiser l’inspiration nécessaire à la création de ses travaux où évoluent « Automorphies », « Zoomorphies » et « Anges déchus».
Ses œuvres déploient des figures narratives aussi surprenantes que belles que le spectateur des toiles peut relier et manier à sa guise. Le gris est à l’honneur, l’homme devient anonyme – la toile se fait véritable cabinet de curiosité où s’agitent spontanéité, émotions et interrogations sur notre société contemporaine. L’artiste a conçu sa série « Automorphies », représentations en buste de son propre corps, comme un contre autoportrait, camouflant son visage d’objets contemporains d’une grande disparité. Par ce processus, l’homme représenté perd son identité et semble s’aliéner à l’objet recouvrant sa tête qu’il s’agisse de fils électriques, sacs de fast-food ou de magasins spécialisés. Le sujet veut combattre, se débattre, se libérer des chaines de la société de consommation mais cette dernière, force insurmontable, l’asphyxie et l’oppresse jusqu’à la folie. « Zoomorphies», est construit en opposition à la série précédente. L’homme étant ici masqué de crânes d’animaux, ce n’est plus la société, artifice agissant sur l’homme, qui semble être critiquée mais bien les actes directs de ce dernier, détruisant progressivement vie et nature l’environnant. Empreinte de spiritualité, la série « Anges déchus» met en scène la désacralisation et la déchéance de figures fautives fragmentées, exposant morceaux de chairs passées, présentes et futures abîmées par le temps, délaissés par l’Age d’Or et l’intemporalité divine.
En perturbant le public dans ses réflexions psychologiques, Xavier Jallais ne met pas seulement en visu ses propres revendications mais bouleverse la vision du spectateur sur lui-même, mettant en crise propre sa vision et son sens de l’équilibre. Le moteur des œuvres devient le corps du spectateur, incité par l’étrangeté de la posture des corps représentés à se mouvoir, à abandonner sa position fixe face au tableau et à prendre la place du buste anonyme – à s’approprier les revendication se dégageant des peintures. Le spectateur devient ainsi lui-même acteur, transformant l’engagement artistique de Xavier Jallais: « Je conçois l’indifférence comme un échec dans ma mission de peintre » en moteur du performatif.