Ut Barley Sugar est une jeune artiste qui secoue tous les présupposés artistiques auxquels elle s’est frottée durant ses années d’errance intérieure. Il en tombe des parcours de rêves éveillés qui font d’elle une voix déjà très particulière de l’art contemporain. Tout est bon pour faire émerger ce qui pulse à l’intérieur: photo, peinture, colle, ciseaux, pellicule, Polaroïd, vidéo, sons, voix…car il s’agit d’une artiste éclectique redoutablement obstinée, aux thématiques bien ancrées dans la réalité des terreurs qui l’habitent.
UT Barley Sugar, Au fond, il y a pire, Série Collages ©
UT Barley Sugar, Wellington & Hotels, Série Collages ©
UT Barley Sugar, Broken love in crimson water (Amour brisé en eau pourpre), Série Collages ©
Point de hasard donc, mais une multitude de réflexions qui converge en un seul fil conducteur aussi ténu qu’inattendu. Seule compte, pour elle, l’expression plastique d’un imaginaire aussi riche que protéiforme. Ses références sont multiples, souvent poétiques: Rimbaud, Breton, Michaux, Akhmatova mais aussi Zola, qu’elle considère comme un immense scénographe, Duras, Dostoïevski ou Shakespeare. Le cinéma et la photo ne sont pas en reste avec Lynch, Jarmush, Sarah Moon (Circus) ou Daruis Khondji…en ce qui concerne dessin et peinture Crumb et Frieda Kahlo, le disputent à Paul Delvaux. Et si ses références au Surréalisme sont indéniables, elle travaille à dépasser, approfondir et féminiser l’héritage de ces grands frères tapageurs aux inventions encore souvent indépassables.
Ses collages sont des compositions troublantes qui renvoient le «regardeur» à ses propres peurs, mais aussi à sa propre capacité de nuire au cas où il ne respecterait plus les garde-fous d’une société qui se délite doucement sous les ciseaux de l’artiste. La théâtralisation filmique des scènes rêvées permet une mise à distance salutaire du « regardeur » sans pour autant empêcher une plongée littérale dans l’image. Ses performances, elles, immergent le spectateur dans son univers mental et ne lui laissent aucune échappatoire. Le contraste ainsi obtenu provoque un phénomène sismique dans l’espace sensible de toutes les personnes présentes.