Photographe, cinéaste, directeur artistique, plasticien, Thomas Devaux explore sans relâche un univers aux confins de la mode, du surréalisme et de l’imaginaire.
Ce travail découle de ses premières recherches plastiques. Il réalisait alors de grands collages à base d’héliographies extraites d’anciens livres d’art qu’il chinait dans les librairies parisiennes, chez les bouquinistes, sur les quais. Il déchirait les pages des livres et créait des compositions puissantes qu’il retouchait ensuite sur son ordinateur pour leur donner un aspect plus contemporain et ainsi s’amuser avec la matière dupliquée à l’infini.
C’est dans les backstages des défilés qu’il capture ses images: couturiers, mannequins, robes et accessoires, il shoote la substance de ses futures images avant de se les réapproprier, de les déchirer, de les recomposer, de les réinventer.
Thomas Devaux est un photographe. Mais pas seulement, car la quintessence de son œuvre ne se résume pas au déclenchement! Son travail de création, prend son essence lors du développement, en chambre blanche. Sur l’écran il retrouve un univers plus sombre encore, avec des déformations plus radicales. Tel un chirurgien, durant de longues heures, il redessine corps, visages, mains, bras et robes. Il récrée la lumière, il sculpte ses formes.
Il ne ressent alors aucune limite. Toutes ses visions portées sur des matières sombres peuvent s’exprimer. Ses personnages se dévorent, ou se retrouvent face à leur visage perdu, effacé.





Des mannequins, il construit ses images comme des collages, des sculptures irréelles. Il prend des yeux de l’une, change une bouche, transforme les mains, recompose les visages. Les coutures entre les différentes photos sont approximatives. Thomas n’a aucun soucis de réalisme. Les formes ne sont pas parfaites. Les matières s’abiment. Frottements. Les heures s’écoulent dans cette chambre blanche. Images de plus en plus sombres. Usure. Usure de la matière, des tissus, des visages. Usure de l’humain. L’étymologie du titre de l’exposition sous toutes ses formes nous renvoie à cette notion d’érosion.





Sa manière de travailler s’apparente à celle d’un peintre mais Thomas Devaux refuse de perdre son identité de photographe. Il construit son style entre sacré et profane, entre corps et fragments, en utilisant le champ des possibles de l’univers graphique.