Un entretien Boum! Bang!
Si vous ne connaissez pas encore Thomas Czarnecki, vous connaissez sûrement sa série de photographies « From Enchantment to Down ». Grâce à la magie d’internet et à une bonne fée, le magazine Whitezine, cette série de scènes de crime a fait le tour du monde avant même d’être achevée. Des contes de notre enfance, l’auteur a conservé les héroïnes iconiques et innocentes. De notre société contemporaine, il a souhaité mettre en avant notre goût pour la violence « spectacle ». Ces deux ingrédients, assemblés en potion, ont permis de donner naissance à des clichés où le spectateur devient enquêteur. Rencontre avec un jeune photographe enchanté par le succès de son travail sur le désenchantement.
B!B!: Thomas, qui es-tu, que fais-tu?
– Thomas: J’ai 32 ans. Je suis Directeur Artistique depuis 7 ans dans une agence de publicité et j’appartiens également au collectif d’artistes Mustribe. J’ai fait des études de pub à l’Institut Saint-Luc Tournai en Belgique, une école pluridisciplinaire, et surtout un lieu très inspirant qui ressemble à Poudlard, l’école d’Harry Potter. Mon caractère? Je suis un optimiste convaincu. Pour moi, le verre est toujours à moitié plein.
B!B!: Qui sont tes modèles et où trouves-tu ton inspiration?
– Thomas: Je suis passionné par l’image, sous toutes ses formes: la photographie, la peinture, tout ce qui touche à l’iconographie. C’est pour ça que je suis arrivé dans l’univers de la pub. Ce métier me tentait car on pouvait y fabriquer des images. Je voulais moi aussi faire des campagnes de publicité comme celles qui me faisaient rêver quand j’étais gosse. Mes références? J’aime tout particulièrement des réalisateurs comme David Fincher et Tim Burton. En photo, mes modèles sont David Lachapelle et Eugénio Recuenco. J’aime beaucoup ce dernier parce qu’il donne un côté très pictural à ses œuvres. Il y a aussi un nouveau photographe dont j’adore le travail, c’est Le Turk. On vient de parler de lui dans le magazine Azart et je trouve que son univers cabaret est magique.
B!B!: Comment est née cette série ?
Thomas: Elle est née en 2009 avec une première « idée » qui a déclenché toutes les autres. Je voulais revisiter les contes de notre enfance, les raconter à ma manière, les transposer dans un univers moderne et j’ai tout de suite eu envie de faire une série plutôt qu’un one shot. Les contes d’origine me servent d’inspiration et j’ajoute dans ma création des références qui elles aussi sont un croisement entre féerie et concret. Un exemple? Les sapins « magiques» au dessus du lit de la Belle au bois dormant dans ma photographie baptisée « Sleeping Beauty – Naughty girl ». Ils forment une forêt imaginaire rappelant les contes de fée et sont également une référence au film « Seven » de David Fincher.
B!B!: Quel message as-tu voulu faire passer en réalisant cette série?
Thomas: J’ai voulu mettre en relation nos rêves, notre enfance avec notre vie que je trouve très marquée par une consommation presque banale des crimes. Aujourd’hui c’est comme un divertissement. On en voit partout, dans les actus, les séries, c’est devenu quelque chose de très quotidien. À travers ce travail, je voulais leur redonner de la gravité et en choisissant ces princesses comme victimes, je trouve que c’est réussi.
B!B!: Parle-nous des coulisses de ces photos? Les castings.
Thomas: Je fais du casting sauvage parmi mes amis mais je ne suis pas à la recherche d’un sosie de Cendrillon ou de la Petite Sirène. Je ne montre jamais le visage de mes modèles. Je ne veux pas que le spectateur s’attarde dessus, qu’il s’arrête en se demandant si les visages sont ressemblants ou pas.
B!B!: Les repérages?
Thomas: Les photos se déroulent dans des environnements qui me sont familiers: la première de la série « The little red ridding hood – Happy end » se passe dans la cave d’un ami, repérée pendant son déménagement. La photographie « Pocahontas – One more trophy » se déroule dans le salon du père d’un ami qui est chasseur et qui fait des safaris. La photographie « Snow White – My sweet Prince » se déroule dans le parking de mon agence. En fait, je cherche les lieux tout le temps et quand j’en vois un qui pourrait correspondre à l’une de mes idées, je me dis: Ca y est c’est le bon! Il m’arrive également de voir un lieu et de me dire: Il faut que je fasse quelque chose ici.
B!B!: Et le jour J, ça se passe comment?
Thomas: Une fois que l’idée a germé, j’y pense pendant plusieurs mois, je l’imagine dans ma tête, je fais beaucoup de croquis pour la position de la mannequin. Une fois sur place, tout a été pensé, préparé et prévu avant le jour de la prise de vue. J’installe donc mes lumières, mon décor, je teste quelques postures différentes avec ma mannequin, je regarde ce qui me plait le plus, je peux modifier quelques accessoires… Mais pas plus car comme je suis en solo et que je shoote dans des lieux un peu particuliers, je ne peux pas me permettre d’improviser.
B!B!: Qui est à tes côtés et qui t’aide dans ce projet?
Thomas: Pour les prises de vue, j’ai un super assistant, ma princesse à moi, Juliette. Elle a également joué les princesses sur 3 de mes 9 photos. Les robes des dernières héroïnes de ma série ont été fabriquées spécialement par une amie, Vanessa Arnauld. Pour le reste, je me débrouille tout seul.
B!B!:Quelles photos ont été les plus complexes à réaliser?
Thomas: En général, celles en extérieur sont plus compliquées. J’ai par exemple shooté « Cindirella – Too Fast » dans un escalier du quartier des Abbesses à Paris. J’ai passé une heure à tout placer et une fois que nous étions prêts, il s’est mis à pleuvoir. Il a fallu tout bâcher. Comme le temps ne se calmait pas, j’ai dû shooter très rapidement, sous la pluie. Heureusement, ma mannequin a joué le jeu. Pour « The little Mermaid – On the other shore », la prise de vue a eu lieu en novembre, dans une crique de la plage de Saint-Lunaire, a côté de Saint-Malo. Vent, froid… Je vous laisse imaginer.
B!B!: Tu considères cette série comme terminée?
Thomas: Elle est « presque » terminée. Mon dernier shooting date de fin 2011. Je réalise très bientôt la dixième et dernière photographie de la série. Son héroïne sera la Fée Clochette et je suis très content de terminer avec ce personnage car son univers est celui de l’enfance en confrontation avec l’âge adulte. C’est très représentatif du message que j’ai voulu faire passer dans ma série. Le repérage est fait. Le casting est bouclé. Il nous reste juste à fixer une date et à terminer sa robe.
B!B!:Tu peux nous révéler ce qui l’attend?
Thomas: Non. Le seul indice que je veux bien vous donner c’est que la photo se passera dans un bois.
B!B!: Happy end ou pas?
Thomas: Pour ce qui est de la série, je suis très content. C’est mon premier projet abouti. J’ai de bon retours, des réactions plutôt positives d’un peu partout dans le monde. Les gens qui m’en parlent se racontent un peu tous une version différente des histoires. Ils inventent leur propre version des faits et c’est ça mon but, que chacun ait sa lecture de mes photographies, sa vision, qu’il fasse travailler son imagination.
B!B!: Après « From Enchantment to down », quel est ton prochain projet?
Thomas: J’ai un nouveau projet de série inspirée du monde de l’art et des grands classiques de la peinture, avec ma touche personnelle… mais je ne veux pas en dire plus.
B!B!: Quelle est ta princesse préférée et pourquoi?
Thomas: Toutes. Cendrillon ment et fait le mur pour sortir. Jasmine sort avec Aladdin, un clochard. Blanche Neige vit avec sept mecs. Je les aime toutes parce qu’elles sont toutes rock.
B!B!: Si tu étais un prince, tu serais qui?
Thomas: Tous les princes sont super chiants. Je préférerais être Baloo du Livre de la Jungle car, comme lui, je pense qu’il en faut peu pour être heureux.
B!B!: La magie c’est quoi pour toi?
Thomas: Un rêve de gosse. On a tous rêvé d’être magicien, de faire sortir des trucs du chapeau. Il faut garder ce rêve, cette magie.
B!B!: Si tu avais un pouvoir magique, ça serait lequel?
Thomas: La téléportation. Ça serait très pratique pour voyager plus vite et aussi plus simple pour faire mes repérages.
B!B!: Si tu avais une baguette magique, tu en ferais quoi?
Thomas: Je pense que je l’utiliserais pour filer un coup de main à mes potes, mes proches, les gens autour de moi. Je les aiderais à garder le moral et à réaliser leurs rêves.
B!B!: Les princesses existent-elles réellement?
Thomas: Oui. Je pense qu’il y en a deux sortes: Les princesses comme Kate Middleton, une vraie princesse qui ne fait pas vraiment rêver les gens. Et puis, il y a les autres, les princesses « Pretty Woman » qui elles font rêver les gens. Mais finalement, je ne sais pas s’il elles existent vraiment.
B!B!: Tu peux compléter cette phrase? « Il était une fois…
Thomas: Dans l’ouest
B!B!: Et celle-ci? « Ils vécurent heureux et….
Thomas: Et alors?
B!B!:Dernière question. Est-ce que toutes les belles histoires finissent mal?
Thomas: Non, sinon ça ne serait pas de belles histoires!
B!B!:Ton plus grand malheur?
Thomas: Le temps passe beaucoup trop vite!
B!B!: La qualité que tu préfères chez quelqu’un?
Thomas: L’honnêteté.
B!B!: Ta couleur préférée?
Thomas: Bleu.
– B!B!:Ton idole?
Thomas: Michael Jackson.
B!B!:Ta devise?
Thomas: Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant d’avoir fait déborder le vase.
B!B!: Ton groupe de musique favori?
Thomas: Radiohead.
B!B!: Et si je te dis Boum! Bang! ça t’évoque quoi?
Thomas: Paf!