Jenny Odell est une jeune artiste américaine. Sa série de montages photographiques intitulée « Satellite Collections » est une reconstitution d’images prises par les satellites de Google Earth. Elle y explore le seuil entre l’espace géographique réel et l’espace imaginé. Les morceaux de terre ou les détails du paysage urbain vus du ciel, sortis de leur contexte et assemblés, créent d’intéressants non-lieux dont la seule étendue est celle qu’ils déploient dans la rétine et l’imaginaire. Ces ensembles de formes, de couleurs et d’objets dessinent le corps d’un poème en collage.
Ce travail n’est pas seulement celui d’une simple collectionneuse, il montre aussi la volonté d’archiver ces étrangetés et de leur donner un sens. Jouant sur la logique de la série et de l’accumulation, elle paraît faire sortir les objets de leur finalité utilitaire par ce bégaiement visuel: les terrains de basket ou les toboggans alignés deviennent les signes étranges d’un vocabulaire graphique inventé. La photo devient page écrite et l’oeil parvient à lire cette langue inconnue.
Jenny Odell – Satellite Collections, Tous les terrains de baseball de Manhattan. ©