Ronald Curchod officie depuis plus de trois décennies à Toulouse, où l’on aura pu croiser ses affiches au détour d’une rue. Il suffirait d’ailleurs de n’en voir qu’une pour être capable d’identifier son style, au risque d’être surpris. Car l’univers qu’il développe, depuis l’obtention de son diplôme de graphisme à Lausanne en 1974, est pour le moins singulier. Nimbées d’étrangeté, ses créations sont le théâtre d’incongruités qui frôlent souvent la cocasserie: une demi-saucisse qui fait « bang », une guibole sectionnée qui fait « olé », des êtres fusionnels et des créatures chimériques… Si ses projets sont multiples et variés (affiches, supports de communication, identités graphiques, illustrations, sérigraphies), c’est au service des arts du spectacle qu’il excelle dans la peinture d’images. Ses affiches pour le Théâtre national de Toulouse et le théâtre Garonne, entre autres, ne véhiculent pas un graphisme austère qui n’engagerait qu’une contemplation perplexe, mais racontent une histoire. Elles ont l’élégance d’un conte merveilleux et fascinent par leurs personnages baroques érigés en avatars sur fond de couleur vive; laissant à chacun le choix d’une interprétation (s’il en faut une).
Ronald Curchod, affiche bazar kumpanya ©
Ronald Curchod, Pronomades ©Ronald Curchod, Le Ring, 2005 ©Ronald Curchod, Hybrides, 2010 ©Ronald Curchod, King Lear, 2007 ©Ronald Curchod, Le Suicide ©Ronald Curchod, Théâatre-Garonne ©
Ronald Curchod, Compa, 2012 ©Ronald Curchod, Pronomade(s), 2005 ©Ronald Curchod, Festival Ramonville, 2006 ©
Ronald Curchod, Labbe Quintet ©Ronald Curchod, Loupiote Orchestra ©
Résumer son activité à l’affiche serait réducteur car Ronald Curchod opère sur plusieurs fronts. Parmi ses nombreuses casquettes (graphiste-membre de l’Alliance graphique internationale, peintre, musicien, scénographe, costumier…) celle d’illustrateur lui vaut d’être sollicité par Le Monde, Télérama et par d’éminentes maisons d’éditions comme Actes Sud et Le Seuil. Des expositions lui sont régulièrement consacrées et dévoilent un aspect plus introspectif et expérimental de ses travaux où il se plait à confondre des animaux, des formes, des arabesques comme autant d’hybridations douteuses mais fascinantes. Sa série de gouaches sur les maisons, en collaboration avec la boutique d’écriture du grand Toulouse, révèle son penchant à détourner des figures élémentaires qui seraient alors filtrées par le prisme de l’inconscient. Plus surprenante encore, sa série sur les champignons titille l’imagination tant ils apparaissent comme des créatures fantasmagoriques. Et quand bien même l’on croit avoir embrassé l’ensemble de son œuvre, c’est sans compter sur ses esquisses et ses photographies qui s’ajoutent à cet univers polymorphe et insolite.