Né en 1970, Olaf Breuning est un artiste suisse dont les productions visuelles saturées de couleurs viennent interroger le spectateur sur ce qu’est le sérieux. Détournant les clichés des courants artistiques dominants du XXe siècle (pop art, photographies surréalistes, art abstrait…) ou produisant des parodies de clichés de type documentaire, les images qu’il fabrique intègrent le corps de ses modèles à des oeuvres à l’abord apparemment simple.
Olaf Breuning, 1998, W.N.W.M.E.K, C- PRINT, 120 X 150 cm Edition 3, 30 x 40 cm Edition 10 ©
Olaf Breuning, 2001, PRIMITIVES, C- PRINT, 150 X 180 cm Edition 3, 120 x 150 cm Edition 5, 80 x 100 cm Edition 10 ©
Olaf Breuning, 2000, RAY, C– PRINT, 120 X 150 cm Edition 3, 80 x 100 cm Edition 5, 30 x 40 cm Edition 10 ©
Olaf Breuning, 2001, STEVE, C- PRINT, 150 X 180 cm Edition 3, 120 x 150 cm Edition 5, 80 x 100 cm Edition 10 ©
Olaf Breuning, 2002, CAT, C- PRINT, 120 x 150 cm Edition 5, 80 x 100 cm Edition 10 ©
Olaf Breuning, 2002, DOUBLE, C- PRINT, 120 x 150 cm Edition 5, 80 x 100 cm Edition 10 ©
Olaf Breuning réalise des installations, films et photographies. Il s’agit toujours de proposer une réaction au réel. De partir de données on ne peut plus concrètes et d’offrir un rendu « autre ». La simplicité des clichés n’est pourtant qu’apparente. La réalité bien plus complexe. Des oeuvres comme « 20 DOLLAR BILL » ou « THE BAND », parodient par exemple les images qui saturent notre quotidien. Dans le premier cas, c’est le grand reportage de guerre qui semble être dénoncé. Un groupe d’enfants noirs en rang devant un dépotoir, le sourire radieux, chacun avec un billet de 20 dollars. L’exhibition fière des billets qui sont au premier plan, devant les modèles, choque. Le contraste entre ce symbole des richesses de l’occident et la pauvreté des tenues des enfants provoque une réaction quasi épidermique chez le spectateur. Et vient interroger le naturel des photographies d’aspect bien plus « authentique » qui pullulent dans nos quotidiens. Pour « THE BAND », la parodie est plus légère. Des femmes, en rang d’oignon, de dos, avec des visages composés dans leur chevelure à l’aide d’aliments. Femme objet. Femme chair à consommer. Cette image est accentuée par le fait que les modèles sont à demi-nues, en soutien-gorge sur des clichés dont le cadre coupe leurs corps d’une façon bien particulière.
Dérangeantes et touchantes, les productions de l’artiste sont à la frontière entre réalité et fiction. Oeuvres hybrides, esthétiques et polémiques, elles viennent s’intégrer à un monde visuellement saturé et proposer, par leur détournement, une sorte de rééducation du regard du spectateur. Entre sourire et sursaut.