Nick Cave est né en 1959 à Jefferson City (Missouri). Au cours de ses études, il se frotte à de multiples disciplines artistiques, rencontre Alvin Ailey en 1979 et fait une grande partie de sa formation aux côtés de la troupe de ce danseur. Il est aujourd’hui président du département mode du SAIC – School of the Art Institute de Chicago, ville où il réside et travaille en tant que danseur, designer et sculpteur.

Nick Cave, Soundsuit ©
Nick Cave, Soundsuit ©

Malgré son homonymie avec le célèbre musicien australien, Nick Cave s’est fait connaître dans le monde entier grâce à ses œuvres à la vie double. Au-delà de leurs matières, textures, motifs et couleurs si reconnaissables, celles-ci sont tour à tour des sculptures exposées dans des musées et des costumes portés par des danseurs lors de happenings orchestrés par l’artiste. Et c’est pendant ces évènements éphémères que ses mannequins prennent vie et deviennent de véritables sculptures dansantes et musicales. En effet, les œuvres de Nick Cave, qu’il baptise « soundsuits », sont conçues pour habiller des danseurs et se transformer en véritables instruments de musique. Qu’elles soient en poils, en fleurs, en branches ou en jouets, toutes produisent des sons en s’animant et revisitent le concept de « tenue de scène » en lui donnant une nouvelle dimension. Les processions et ballets mis en scène par Nick Cave ont donc cela de spécifique: des couleurs flamboyantes, peu ou pas de mots, et les voix, non pas de ses comédiens, mais de ses costumes.

Nick Cave, Soundsuit
Nick Cave, Soundsuit ©
Nick Cave, Soundsuit ©
Nick Cave, Soundsuit ©
Nick Cave, Soundsuit
Nick Cave, Soundsuit ©

Le matériau de prédilection de Nick Cave: le cheveu. Utilisé sous forme de cascades de couleurs, il donne à ses sculptures dansantes des allures animales, entre crinière de fauve et plumage d’oiseau exotique. Il rappelle également les crêtes des punks ou des personnages de manga, les fourrures seventies ou les habits traditionnels d’Afrique. De ce tourbillon d’inspirations l’artiste fait jaillir comme par magie des yétis fluo dont les mouvements produisent à la fois des ondulations lumineuses étonnantes et  des sons, entre vent et coup de fouet.

L’artiste utilise également tout un tas d’objets semblant avoir été récupérés sur des brocantes et des fripes, puis mariés dans des compositions criardes et bigarrées, incroyablement riches en détails. Boutons, sequins, tissus et vêtements cousus ensemble, petites poupées et peluches, branchages, ce bric-à-brac soigneusement assemblé sert à créer les peaux de ses créatures, leurs toges richement brodées et leurs carapaces de mosaïque.

Puis d’autres objets encore plus incongrus viennent se greffer à ses créations: bouliers, toupies, oiseaux de porcelaine, tous apportent un côté totalement surréaliste aux sculptures et leur font perdre leurs attributs humains. On en vient presque parfois à se demander comment ces costumes peuvent être portables. Mais là encore, ces appendices ne sont certainement pas là pour rien. Au-delà de leurs effets plastiques, ils contribuent à créer les sons recherchés par l’artiste.

Fascinantes, drôles et détonantes, les sculptures de Nick Cave déroulent le concept du patchwork jusqu’au bout du fil en mélangeant disciplines, influences et matières. On pense inévitablement en les voyant à la sorcellerie, aux rituels des tribus africaines, aux maquillages aborigènes, à l’artisanat d’Amérique du Sud et aux masques de catch mexicains. On pense, on pense puis finalement on se rend compte que l’univers de l’artiste est si riche qu’il en devient irréductible… Et c’est certainement pour cela qu’il est si attractif.

Une piste à emprunter pour mieux comprendre la démarche de Nick Cave est son enfance. Jongler avec des tissus vieillots réalisés au crochet et donner une deuxième vie à des objets inutiles semble être une pratique issue de son enfance. Six frères, une mère célibataire aux revenus modestes, une famille où la récup’ et la débrouille étaient quotidiennes expliquerait en partie sa manière de créer.

Nick Cave est représenté par la galerie new-yorkaise Jack Shainman. Il possède également son site de vente en ligne sur lequel vous pourrez commander des badges, du papier cadeau, des tatouages, des écharpes ou un punching ball inspirés des motifs et des couleurs de ses « Soundsuits ».