Mathieu Weemaels est un artiste belge de 45 ans. Il a d’abord étudié la bande dessinée à Bruxelles avant de se détacher de l’aspect narratif et se concentrer sur le dessin pur et la peinture. À l’origine, il dessinait principalement au pastel sec dont les nuances, la douceur et la luminosité lui semblaient parfaitement adaptées à l’univers intimiste du travail qui était en train de naître. Mathieu Weemaels se considère autant acteur que spectateur de son travail, fruit de la pratique journalière du dessin et de la peinture. C’est probablement cette infime partie décousue et involontaire qui donnera toute sa grandeur à ses tableaux. En premier lieu, il travaillera dans l’univers très intimiste de son atelier. Un endroit de solitude où règnent le silence et la lumière froide du nord. Il y peint alors des objets du quotidien, simples et modestes. Une bougie, une veste suspendue à un clou, des tables ou encore des miroirs qu’il affectionne tout particulièrement: « une sorte d’ ouverture vers un autre monde à portée de main ». Mais il nous explique que le sujet réel de ses coins d’ateliers, ne sont pas tant les objets eux même mais le silence. Une quiétude poétique. Il dit d’ ailleurs affectionner tout particulièrement les sujets d’une grande banalité car ils ne détournent pas l’attention et invitent le spectateur à chercher le sens ailleurs.
Mathieu Weemaels, Coin orange, 70X60 cm, 2007, Huile ©
Mathieu Weemaels, Caban, 100X70 cm, 1999, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Silence, 80X70 cm, 2012, Huile ©
Mathieu Weemaels, Chaise, 70X60 cm, 2012, Huile ©
Mathieu Weemaels, Le silence de l’eau, 60×80 cm, 2012, Huile ©
Mathieu Weemaels, Bol au bord, 50×40 cm, 2008, Huile ©
Mathieu Weemaels, Une journée à l’atelier, 80X80 cm, 2008, Huile ©
Mathieu Weemaels, Bol, 30X30 cm, 2010, Huile ©
Mathieu Weemaels, Fruits de saison, 100X70, 2007, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Ici et ailleurs, 70X50 cm, 2008, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Composition au miroir, 90×70 cm, 2012, Huile ©
Parallèlement à ce travail tout en introspection, il sort dessiner au retour des beaux jours, la nature dans toute sa force et son éclat. Toutefois, il s’intéresse assez peu à un travail descriptif, dans le sens classique de la peinture de paysages mais recherche (comme dans ses coins d’atelier) la frontière entre l’abstraction et le figuratif. Une ligne de tension délicate qui le stimule et le séduit. En d’autres mots, lorsqu’il peint un paysage, il pense plus à Rothko qu’à Corot ou Claude Lorrain.
Mathieu Weemaels, Pré fleuri, 60×120 cm, 2004, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Cimes, 10X110 cm, 2006, Huile ©
Mathieu Weemaels, Cimes, 10X110 cm, 2007, Huile ©
Mathieu Weemaels, Eau sur les toits, 90×80 cm, 2012, Huile ©
Mathieu Weemaels, Eau sur les toits, 70X60 cm, 2011, Huile ©
Règne de l’absence, pas ou peu de présence humaine dans toute cette série des premières années. De ci de là, on pouvait apercevoir un bout de pied ou une partie du visage du peintre dans un coin de miroir, mais rien de plus. Cette présence humaine le tourmente depuis longtemps, et il finira par se pencher sérieusement sur la question à partir de 2003, date de sa visite à l’exposition de Lucian Freud à Londres. Exposition qui sera un véritable déclic pour lui: observer un corps nu, simple et sans artifice lui ouvre une nouvelle porte d’expression, celle du silence du corps. Le corps sera donc ici un lien tangible avec ses coins d’ateliers puisqu’il y appréhende le silence de la même manière, avec douceur et calme. Il observe chez le sujet nu un laisser-aller dans la nudité abandonnant le monde extérieur et entrant progressivement dans une intériorité. C’est cette absorption dans un monde intérieur qui le fascine, comme le révèle ce titre d’un de ses nus « La tête ailleurs ».
Mathieu Weemaels, La tête ailleurs, 107X77 cm, 2004, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Mélanie au drap fleuri, 100X40 cm, 2004, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Triptyque Ozan, 90X122 cm, 2004, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Nu aux carrelages, 77X107 cm, 2006, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Points de beauté, 80X60 cm, 2006, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Dos, 55X35 cm, 2008, Huile ©
Mathieu Weemaels, Caroline, 100X60 cm, 2011, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Flavia, 100X70 cm, 2011, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Assise, 80X80 cm, 2012, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Pierre, 70X60 cm, 2011, Huile ©
Mathieu Weemaels, Nu et miroir, 70X60 cm, 2011, Huile ©
Mathieu Weemaels, Marco, 70X60 cm, 2012, Huile ©
Amoureux depuis toujours du dessin presque médical, au scalpel, il recherche alors les teintes violacées d’une peau, les nuances de bleu et de vert autour des veines et les rougeurs de la paume de la main. Les couleurs travaillées dans les paysages reviennent ici le chercher. Trouver l’instant où le regard se perd, où les yeux partent au loin, dans un au-delà à priori inaccessible pour quiconque extérieur aux sujets eux-mêmes. Ses corps ne sont pas esthétisants. Ils transmettent la poésie du réel bien loin de la poésie de l’artifice. Des corps crus, dans toute leur beauté. La série « Apesanteur » est née de cette démarche d’observation des corps. Il y développe une série de nus qui semble flotter dans un espace hors du temps, les êtres sont libres et légers, libérés du poids de leur condition humaine.
Mathieu Weemaels, Apesanteur, 100X70 cm, 2004, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Chute à trois mains, 100X70 cm, 2005, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Apesanteur triptyque, 120X130 cm, 2007, Pastel ©
Mathieu Weemaels, Apesanteur, 80X80 cm, Pastel ©
Enfin, son dernier travail autour du thème des déformations est une série un peu plus ludique rejoignant une tradition expressionniste qu’il a toujours aimé: Egon Schiele ou Francis Bacon. Le point de départ est l’observation du réel reflété dans des casseroles en inox. Parfois, lors d’un repas, il explique qu’observer les reflets dans les objets de la table tels que les verres, assiettes ou casseroles le renvoie à un monde parallèle, étrange, où les courbes et les couleurs s’étirent. Une autre forme d’intimité se révèle alors puisqu’il s’isole dans les méandres de sa propre perception. L’univers que l’on retrouve alors dans les tableaux n’est pas celui du repas mais plutôt de son atelier avec son chevalet, son plancher… et le peintre, présent pour une première fois.