Marc Tanguy vit et travaille à Paris, dans le 19ème arrondissement. Il est diplômé, option peinture, de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts décoratifs et a fait partie de l’atelier Wacker, aux Beaux Arts de Paris. Il a réalisé de nombreuses expositions personnelles et collectives dont la dernière a eu lieu en 2012 à la galerie Boissière + Gomendio, à Neuilly sur Seine.
© Marc Tanguy, Nuit, Rue, Huile sur toile. 70x70cm. 2007-2011
© Marc Tanguy, Lagune Rouge 3, huile sur toile. 94x116cm. 2009
© Marc Tanguy, Pixels, huile sur toile. 50x65cm. Collection particulière. 2009
De part en part, la peinture de Marc Tanguy communique un plaisir de la couleur et de la matière. Sa peinture entretient une relation très physique, presque optique, avec le spectateur. Elle l’invite à s’oublier dans la contemplation des rapports colorés qui font vibrer les touches – ici, un jaune citron entre en contact avec un rouge violacé, là, c’est un bleu pervenche qui rencontre un jaune clair – tout comme elle le convie à se perdre avec délice dans les effets de matière. Dans certains de ces effets, on reconnaît le geste du peintre dans sa spontanéité, dans d’autres, au contraire, celui-ci s’efface, la peinture semblant avoir pris sa place d’elle-même sur la toile.
© Marc Tanguy, Silhouettes, huile sur toile. 55x46cm. 2011
© Marc Tanguy, Crépuscule, Rome, Huile sur toile, pastel. 50x50cm. Collection particulière. 2007
© Marc Tanguy, Lagune Rouge, huile sur toile. 48x81cm. Collection particulière. 2009
Cependant, l’importance de ces deux éléments ne va pas à l’encontre de la construction d’une image. Ils permettent même d’aller comme au-delà en donnant à celle-ci l’illusion du mouvement. Cette illusion naît tout d’abord du fait que couleur et matière sont au service de jeux de lumière. Dans « Crépuscule, Rome », la ville ne cesse d’être engloutie par l’ombre pour mieux en resurgir. Le scintillement de l’eau d’ « Embarquement » s’oppose au lent déplacement des nuages qui se noient dans l’horizon. Dans « Champs magnétiques », les strates quasi abstraites qui composent le paysage semblent glisser les unes sur les autres, inlassablement, au rythme lent des marées. A chaque composante du tableau correspond un tempo qui lui est propre.
© Marc Tanguy, Champs Magnétiques, huile sur toile. 114x146cm. Collection particulière. 2009
© Marc Tanguy, Paysage Panoramique (Le bout du Monde), huile sur toile. 114x195cm. 2011
© Marc Tanguy, Embarquement, huile sur toile. 114x146cm. 2008
La question du mouvement et du rythme concerne également le regard du spectateur. La peinture de Marc Tanguy joue en effet sur la proximité ou l’éloignement du spectateur par rapport à la toile. À une certaine distance, lorsque le spectateur considère le tableau dans son ensemble, il peut profiter d’une perception figurative du tableau. Invité à se rapprocher par différents accidents ou effets de matière qui l’interpellent, c’est dans l’abstraction qu’il trouve alors son plaisir.
Le paysage en tant que sujet joue également un rôle crucial dans le trajet effectué par le regard sur la toile. Par moments, le regard suit méticuleusement les crêtes des montagnes, à d’autres il s’étend à travers toute l’étendue du ciel ou de la mer. Tantôt le rythme de ce parcours est celui du pas du marcheur, tantôt, l’imaginaire se débride et c’est dans un long vol que l’on plonge entre les collines.
© Marc Tanguy, Lac 2, huile sur toile. 114x146cm. 2009
© Marc Tanguy, Passages, huile sur toile. 97x130cm. 2011
© Marc Tanguy, Montagne, Après la Pluie. Aquarelle sur Arches. 38x50cm. 2012
On touche ici à un thème essentiel dans le travail de Marc Tanguy qui est celui du voyage. Voyage à l’intérieur d’un tableau mais aussi des toiles entre elles. En effet, les peintures de Marc Tanguy, dans leur diversité, semblent s’articuler autour du périple d’un voyageur solitaire tour à tour récompensé d’une longue marche par la splendeur d’un paysage, fatigué et aveuglé par les phares des voitures lors de son arrivé dans une grande ville, esseulé au milieu d’une foule d’étrangers.
Un certain lyrisme se dégage ainsi de l’ensemble de ces peintures, celui de l’homme écrasé mais ébloui par la grandeur de la nature, de la ville ou de la foule. Cependant, la condition de cet émerveillement semble être une certaine distance rêveuse par rapport au monde que l’on ne peut atteindre que dans la solitude.