Manuel Ocampo est un provocateur, un peintre qui prend la transgression comme compagnon de palette. Il veut que l’art dérange. Son oeuvre est celle d’un faiseur d’images prolifique qui jette les choses à la face du monde dans un geste plein de panache et avec un talent nourri au sein du grotesque. Corrosives et réjouissantes, ses oeuvres se heurtent et se fragmentent, libérant une énergie anarchique et bousculant les interdits. La satire est incessante et toutes les représentations du pouvoir sont l’objet d’un détournement burlesque, d’une inversion (et d’une subversion) parodique: les pelouses interdites de l’histoire, de la morale ou de la culture sont foulées au pied avec une insolence rafraîchissante. Ses toiles ne sont pas partisanes, elles ne portent pas de revendication politique particulière. Elles tirent sur tout ce qui bouge, ou plutôt, sur tout ce qui stagne et s’ankylose. Elles adoptent une attitude anarchique et insoumise, toujours burlesque, faite d’univers mélangés: BD, art naïf, Trash comics, esthétique de l’ex voto, référence à Duchamp, à Bacon, aux images de l’iconographie chrétienne ou à l’imagerie politique.
Manuel Ocampo étend son travail sur le sol ou le suspend dans des hamacs. Dans cette perspective métaphorique, les peintures sont des « carcasses brisées » qu’il faut détruire pour pouvoir les ressusciter. La peinture devient alors un acte d’insoumission cynique permettant à la douloureuse conscience moderne de se regarder.
Manuel Ocampo est né en 1965 à Quezon (Philippines), il vit et travaille à Berkeley (États-Unis).